Le ministère camerounais de la Santé publique (Minsante) a cessé, depuis 5 jours, ses communications quotidiennes sur la situation épidémiologique du coronavirus dans le pays, a constaté APA.
Le 9 avril dernier, le patron dudit département, Manaouda Malachie, évoquant sur les réseaux sociaux la nouvelle orientation que le public a souhaité donner à sa communication sur le sujet, annonçait qu’il allait désormais s’employer «à ne publier simplement que des informations sur l’évolution de sa stratégie, les cas graves, les cas guéris, les décès et les mesures barrières».
Le lendemain, néanmoins, le Minsante, dans son ultime bulletin, faisait état d’une situation nationale de 820 cas positifs dont 17 nouveaux, 710 cas actifs, 98 guéris et 12 décès. Depuis lors, le membre du gouvernement n’a plus parlé que de ses échanges avec des professionnels des médias en charge des questions de santé, ou encore rappelé le public à l’obligation du port du masque dans les lieux publics.
Mardi soir, il a néanmoins signalé «une trentaine de personnes sous oxygène dans les formations sanitaires alors qu’on dénombre plus 165 cas guéris et 17 décès». Et de souligner : «Le gouvernement continue de déployer tous ses efforts pour contrôler la pandémie. Nous devons également faire notre part !»
Si les services compétents du Minsante interrogés se sont refusés à tout commentaire sur la question, une source proche du dossier, s’exprimant sous le sceau de l’anonymat, après avoir avancé le chiffre de 1115 cas au 14 avril, a tout de même affirmé que la décision d’arrêter de communiquer sur l’évolution de la pandémie au Cameroun «est venue du sommet de l’État, soucieux de ne pas affoler les populations».
«C’est une pitrerie gouvernementale, que j’explique doublement : la jalousie des autres membres du gouvernement vis-à-vis de Manaouda Malachie et le souci de « maintien de l’ordre ». Il ne faut jamais oublier que le logiciel de ce pouvoir, c’est toujours veiller à ce que personne n’ait aucune velléité de soulèvement», analyse le directeur de publication du quotidien à capitaux privés Le Jour, Haman Mana.
Spécialiste en sciences de l’information et de la communication, Clément Tayo pense pour sa part que la posture gouvernementale vise à cacher les résultats catastrophiques de la riposte contre le Covid-19 : «Il est clair que les chiffres avancés jusqu’ici sont manipulés, et je me demandais bien s’ils seraient capables de compter jusqu’à 1000 cas.»
FCEB/te/APA