La crise du coronavirus tient encore le haut de l’affiche dans les journaux camerounais parus mardi, réussissant par ailleurs à enflammer une scène politique déjà en proie à la cacophonie et au doute.
Il se pourrait bien, à lire la grande manchette du quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, que la tension autour du Covid-19 connaisse une baisse sensible dans le pays. En effet, explique la publication, avec 786 malades guéris, 56 décès sur plus de 1600 cas, la lutte contre la pandémie produit des résultats encourageants. Mais il convient de rester vigilant, s’empresse-t-elle d’ajouter, la non observance des gestes barrière risquant de ruiner les efforts contre les réinfections.
Un autre danger plane, renchérit Émergence : les morts communautaires, ceux-là ayant fait la maladie en famille avant de passer de vie à trépas, présentés comme «une véritable bombe» parce que ayant, certainement, contaminé des dizaines de proches à leur propre insu.
«Coronavirus : la seconde mort des victimes», titre Mutations. Réputés dangereuses, les dépouilles du Covid-19 sont toutes inhumées en urgence par le corps médical, sous le regard impuissant des familles qui auraient, sans doute, souhaité enterrer elles-mêmes leurs proches.
«La dépouille est le corpus du deuil, c’est-à-dire l’élément central sur lequel toute la liturgie du deuil repose : on la lève, on lui voue un culte, on l’honore et on l’inhume. Le corps suscite l’émotion. On pleure lorsqu’on le voit, on lui cède le passage en route, on s’incline ou se prosterne devant lui. En fait, c’est le corps qui fait le deuil. Un deuil sans corps n’en est pas un. Le corps permet de faire le deuil ; c’est l’élément matériel qui permet de se rendre à l’évidence de l’irréversibilité de la mort et d’en prendre acte», explique, dans les colonnes dudit journal, l’anthropologue Paul Abouna.
Au rayon des espoirs de vaincre le virus, l’archevêque catholique de la métropole économique, Douala, Samuel Kleda qui trône en couverture d’Aurore Plus sous le titre : «Comment je soigne le coronavirus». Sur deux pages à l’intérieur, le prélat rappelle qu’il fricote avec la pharmacopée africaine depuis plus de 3 décennies, affirmant en outre avoir administré sa décoction à des dizaines de personnes qui, à l’issue de tests, n’ont plus présenté la maladie.
C’est dans la même publication que l’on apprend que le ministre de l’Administration territoriale (Minat), Paul Atanga Nji, vient de sommer les opérateurs de téléphonie de suspendre les comptes de monnaie électronique ouverts par le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC, opposition), coupable d’avoir lancé une collecte de fonds pour combattre le Covid-19.
A travers l’action de l’association Survie-Cameroun (SCSI), créée par ladite formation, le membre du gouvernement, soupire La Nouvelle Expression, entend faire feu de tout bois pour étouffer une initiative visant à soulager les Camerounais.
«Le Minat somme MTN et Orange de s’exécuter», «Trafic mafieux du Mobile Money par le MRC», «Collecte illégale de fonds par le MRC : Atanga Nji met la pression sur MTN et Orange», titrent respectivement Le Quotidien, La République et InfoMatin.
Le ministre, explique Aurore Plus, fonde son action sur le fait que c’est son institution qui est la tutelle des partis politiques et des associations, et par conséquent n’a pas connaissance de l’existence du SCSI, qu’un appel à la générosité publique doit être autorisé par le Minat et qu’il est formellement interdit à un parti politique de recevoir des fonds de l’extérieur.
FCEB/te/APA