Par Hicham Alaoui – Depuis que le gouvernement marocain ait adopté le texte de loi relatif au dépassement du plafond des emprunts extérieurs autorisé en raison de la crise sanitaire liée au coronavirus, la fréquence du recours aux prêts a augmenté que ce soit au niveau international ou arabe pour financer les mesures prises en vue de faire face à la pandémie et d’atténuer ses effets économiques et sociaux.
A l’instar de l’ensemble des pays du globe, le Maroc est confronté à une contraction de son économie nationale, du fait qu’une part importante des revenus s’est évaporée en raison de l’arrêt d’un certain nombre de secteurs économiques et de la baisse des réserves en devises.
Force est de constater que le rythme des emprunts au Maroc a commencé par l’utilisation de la ligne de prévention et de liquidité (LPL) du Fonds monétaire international (FMI) d’un montant de 3 milliards de dollars afin de contrer l’impact socio-économique de la pandémie de la Covid-19, en maintenant de fortes marges de sécurité externes dans un contexte d’incertitude croissante.
Outre la LPL du FMI, le Maroc a obtenu un prêt de 100 millions d’euros de l’Union européenne avec pour objectif de soutenir le financement des activités sanitaires dans le contexte de la crise de la Covid-19, ainsi que de l’ambitieux plan de réforme porté par le ministère de la santé sur le moyen terme.
Ce financement tend à soutenir également les futures solutions post-crise Covid-19, en contribuant à rendre le secteur de la santé plus résilient face aux éventuelles crises sanitaires futures.
Courant cette semaine, le Royaume a bénéficié un prêt de 127 millions de dollars du Fonds monétaire arabe, destiné à fournir des ressources financières pour soutenir la situation financière, répondre aux besoins d’urgence et faire face à divers défis.
Au cours des dernières semaines, le Maroc a entamé des consultations avec les principaux bailleurs de fonds extérieurs pour déterminer les montants supplémentaires pouvant être mobilisés. Dans ce sillage, le ministère de l’économie et des finances a également entamé les préparatifs pour l’émission d’obligations internationales sur le marché financier international dans un futur proche.
Il est à signaler que le plafond de financement extérieur autorisé par la loi de finances 2020 a été fixé à 3,16 milliard de dollars (31 milliards de dirhams), mais cette exigence a été abandonnée en raison de la pandémie du Coronavirus, qui a imposé des dépenses publiques élevées et préfiguré une baisse significative des recettes de l’État.
Il est prévu que le recours aux emprunts externes et internes au cours de l’année en cours atteigne un niveau record, afin de faire face aux répercussions de la contraction qui devrait affecter durement l’économie marocaine en raison de la crise sanitaire qui n’a épargné aucun pays du monde.
La voie de l’emprunt restera inéluctable. Et pour cause, les mesures de confinement coûtent au Maroc plus de 100 millions de dollars (1 milliard de dirhams) par jour. Étant donné que l’état d’urgence sanitaire va durer 83 jours (du 20 mars au 10 juin), cela signifie que les pertes sont considérables et doivent être compensées.
Aujourd’hui, l’Etat est confronté à un défi consistant, d’une part, à l’augmentation des dépenses liées à la lutte contre le Coronavirus et à la reprise de l’activité économique, et d’autre part, à une baisse des recettes fiscales de l’Etat, en particulier l’impôt sur le revenu (IR) et la taxe sur la valeur ajoutée (TVA).
Face à cette situation exceptionnelle, l’État devra reconsidérer les dépenses publiques en ne maintenant que ce qui est nécessaire et obligatoire, mais il devra néanmoins faire face à une augmentation du déficit budgétaire plus que prévu dans la loi de finances 2020, que la pandémie de la Covid-19 ait bouleversé toutes ses hypothèses.
Il est évident que le pays poursuit l’approche consistant à maintenir les dépenses et les investissements publics à un niveau plus élevé malgré les risques de déficits budgétaires et d’endettement élevé, l’objectif étant de garantir l’efficacité des efforts consentis pour faire face aux répercussions de la crise et réaliser un décollage économique post-Covid-19.
HA/APA