La comédienne et ex-ministre de la Culture, Touria Jabrane est décédée ce lundi 24 août, l’âge de 68 ans, dans une clinique àç Casablanca des suites d’une longue maladie.
Feue Touria Jabrane, qui souffrait d’un cancer avait été admise le 13 août à l’hôpital Cheikh Khalifa de Casablanca sur instruction du Roi Mohammed VI.
Polyvalente, présente aussi bien sur les planches qu’à la télévision et au cinéma, Touria Jabrane a toujours brillé par son talent.
Turia Jebrane est une figure emblématique du théâtre national. Diplômée du conservatoire national d’art dramatique de Rabat, elle a entamé sa carrière en 1972 au sein de la compagnie Mâamora, avec Tayeb Seddiki, sous la direction de Farid Ben Barek. Le théâtre universitaire venait de naître.
Très vite, elle révèle ses qualités de grande actrice et s’impose comme une valeur sûre de sa génération.
Elle continue son combat au sein de la troupe Mâamora et contribue à la création de nombreuses troupes indépendantes.
Ses prestations à la télévision attirent l’attention des réalisateurs marocains et étrangers. Elle campe son premier rôle au cinéma en 1978, sous la direction de Mustapha Akkad, dans le film « Omar Al Mokhtar ». Suivront d’autres rôles, notamment dans « Absence » de Saad Chraïbi (1982), « Titre provisoire » de Mustapha Derkaoui (1982), « Bamou » de Driss Mrini (1982), « Noura » de Driss Kettani (1983) ou encore « Une Histoire d’amour» de Philipe Carrel (1992)…
Touria Jebrane compte également à son actif une fructueuse collaboration avec l’incontournable Tayeb Seddiki. « Al Majdoub », histoire de la ville d’Essaouira et «Le Livre des déclarations » sont autant de pièces de théâtre où l’actrice s’est acquittée de sa tâche et a confronté son talent à un réalisateur réputé pour ses exigences sur scène.
Tout au long de sa carrière, elle a travaillé avec une fine brochette de comédiens nationaux et arabes, multiplié les expériences et conquis les cœurs de milliers de fans. Sa notoriété dépasse les frontières nationales pour trouver écho un peu partout dans le monde arabe. La première reconnaissance vient de l’Irak, un pays qu’elle chérit particulièrement, et dont elle garde de très bons souvenirs.
A Bagdad, elle décroche en 1985 le prix de meilleure comédienne.
Quatre ans plus tard, c’est au tour du Festival de Carthage de primer son talent. Avec le même intérêt, les responsables du festival récidivent en 1991 pour lui octroyer la mention spéciale et le prix de meilleure interprétation féminine.
Une année plus tard, la reconnaissance arrive, cette fois-ci du Festival international du théâtre expérimental du Caire, où l’actrice reçoit un « Hommage spécial » pour l’ensemble de son œuvre.
Les trois derniers prix rendent hommage spécialement à des pièces de théâtre conçues et mises en scène dans le cadre du «Théâtre d’Aujourd’hui.»
Touria Jebrane a été décorée par Feu le Roi Hassan II du Wissam du mérite national. Elle est également chevalier de l’Ordre des Arts et Lettres de la République française. Elle a reçu le prix Vermeil de l’Académie des «Arts Sciences Lettres » à Paris.
Nommée ministre de la Culture en 2007, elle apporte son appui pour réformer le Fonds de soutien au théâtre. Elle sera aussi à l’origine de la « Fête de la musique ».
HA/APA