L’opposant Idrissa Seck, nouveau président du Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE), justifie sa nomination comme un « devoir au service de (son) pays » économiquement touché par la Covid-19.
Au terme d’un troublant mutisme, Idrissa Seck, 61 ans, a rencontré ce dimanche la presse, peu après la publication de la liste des membres du nouveau gouvernement de Macky Sall. Histoire d’expliquer son surprenant rapprochement avec le chef de l’État. Cette union est officialisée ce 1er novembre par sa nomination à la tête de l’une des institutions de la République.
« J’ai choisi le chemin d’une implication directe et personnelle pour participer aux efforts qui nous incombent à tous pour redresser la situation de notre pays », a dit le président du parti Rewmi (Le pays, en langue wolof), arrivé deuxième à la dernière présidentielle avec 20,51%.
Cette décision « difficile », l’ancien Premier ministre d’Abdoulaye Wade (2000-2012) dit l’avoir prise à la suite d’une « analyse lucide et sereine du contexte national ».
Ainsi son silence, qui a un moment inquiété l’opinion, est dû aux « longs échanges dans le cadre du dialogue national comme au cours de plusieurs rencontres en tête-à-tête avec le président de la République ». En tout cas, certains observateurs soutiennent déjà qu’il n’a jamais été en désaccord avec Macky Sall.
Pourtant, l’opposant affirmait qu’il n’était pas disposé à accepter un poste nominatif. De plus, dans son programme de campagne en 2019, il promettait de supprimer des institutions « budgétivores » comme le Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT) ou le CESE qu’il va dorénavant diriger.
« La nécessité nous est apparue de répondre à l’appel du président la République pour une union de l’ensemble des forces pour faire face aux défis du moment », a-t-il invoqué.
Toutefois, plusieurs de ses proches n’étaient pas d’accord avec sa décision de rejoindre Macky Sall. Mais le « devoir » patriotique, poussant le soldat à combattre pour son pays, lui a fait faire cette volte-face, a-t-il déclaré.
En outre, il est conscient du « risque » politique qu’il prend, mais se dit prêt à l’«endurer». Par le passé, de nombreux analystes ont annoncé sa « mort politique » après un rapprochement avec l’ex-président Wade alors qu’il était son principal opposant.
« Face à l’ensemble de ces défis, nous avons fait le choix de répondre positivement à l’appel du président de la République », a argumenté l’ancien maire de Thiès (ouest).
Pour Idrissa Seck, décrit comme une bête politique, « la classe politique seule ne suffira pas (…) pour redresser le pays » de la conjoncture difficile imposée par la pandémie de Covid-19. Au-delà du Sénégal, « les plus grandes économies et nos plus grands partenaires ont souffert de la Covid-19 », a-t-il souligné, appelant « tous les fils du pays » à s’unir.
Par ailleurs, le chef de file de Rewmi compte deux de ses proches dans le nouveau gouvernement de Macky Sall dans lequel plusieurs caciques comme Amadou Bâ et Aly Ngouille Ndiaye ont été débarqués.
Aussitôt après sa nomination, certains spécialistes ont émis l’hypothèse selon laquelle Idrissa Seck peut être le potentiel dauphin de Macky Sall en 2024 même si ce dernier refuse actuellement de se prononcer sur la question d’un éventuel troisième mandat.
ODL/id/cgd/APA