L’opposant John Dramani Mahama a rejeté jeudi les résultats de la présidentielle, soulignant que les Ghanéens « ont voté pour le changement ».
Le leader du Congrès national démocratique (NDC) sort enfin de son silence. Sa réaction était attendue après la proclamation mercredi soir des chiffres provisoires par la Commission électorale (CE), qui déclare vainqueur Nana Akufo-Addo, 76 ans.
Jusque-là des cadres du NDC, comme Haruna Iddrisu, avaient multiplié les sorties pour contester la réélection du président sortant. Hier jeudi, Mahama, 62 ans, a refusé de reconnaître officiellement sa défaite.
« Il est clair, au vu des résultats légalement exprimés, que le NDC a remporté les élections présidentielle et législatives. Nous n’accepterons pas les résultats frauduleux de ces élections et nous prendrons toutes les mesures légitimes pour inverser cette injustice », a-t-il déclaré.
La Commission électorale le crédite de 6.214.889 des suffrages, soit 47,36%. Son rival et successeur a quant à lui obtenu 6.730.413 votes, soit un taux de 51,59%, confirmant une victoire au premier tour selon la même instance. Un peu plus de 500.000 voix séparent donc les deux principaux candidats.
Néanmoins, « les électeurs ghanéens ont voté pour le changement », a indiqué le chef de l’opposition. Il retient que ses voix ont été confisquées, dénonçant une forte présence militaire déployée lors du dépouillement pour « intimider » et « inverser les résultats ».
« Nous avons constaté depuis lundi 7 décembre 2020 que de nombreuses mesures ont été prises pour manipuler les résultats de l’élection en faveur du président sortant Nana Akufo-Addo, qui d’ailleurs contrôle toutes les ressources de l’État et ses institutions », a soutenu l’ancien chef d’État. Mettant en garde, il déclare qu’« aucune tricherie, fourberie ou falsification n’effacera » la « réalité » de la victoire de son parti, le NDC.
Félicitations de chefs d’Etat
Par ailleurs, la Commission électorale n’a pas encore fini de décompter les résultats des élections législatives. Mais pour le moment, elle annonce que l’opposition et le pouvoir sortant sont au coude-à-coude avec 136 sièges chacun. En revanche, Mahama maintient que sa formation a remporté la majorité avec 140 sièges, affirmant détenir les preuves.
Ce dernier et Akufo-Addo s’affrontent pour la troisième fois, avec lors des deux précédents scrutins, en 2012 et 2016, des résultats également serrés à l’arrivée. Pour cette année, ils avaient signé, en amont des élections générales, un « pacte de paix » les engageant à ne cautionner aucune violence lors du vote et à la proclamation des résultats. Mais cette entente cordiale entre les deux candidats semble s’effriter vu que la tension est au sommet.
Au cours de plusieurs incidents survenus depuis lundi 7 décembre, la police a dénombré cinq morts et 17 blessés. Après l’annonce des résultats, des échauffourées entre partisans adverses ont aussi surgi à Walewale, une ville du nord-est du pays.
En dépit de la tension notée, la Mission d’observation électorale de la Cedeao a salué la « tenue d’élections libres, justes et transparentes » dans ce pays d’Afrique de l’ouest, dépeint comme l’une des démocraties les plus abouties du continent.
Le Kenyan Uhuru Kenyatta, le Nigérian Muhammadu Buhari et le Rwandais Paul Kagame, entre autres chefs d’Etat africains, ont commencé jeudi à féliciter Nana Akufo-Addo pour sa « réélection pour un second mandat ».
« Je félicite également le peuple ghanéen pour le succès des élections présidentielle et parlementaires – une preuve supplémentaire que la démocratie constitutionnelle s’enracine en Afrique de l’Ouest », a ajouté le chef d’Etat nigérian.
ODL/cgd/APA