Ibrahim Moussa, Rédacteur en chef du journal nigérien La Roue de l’Histoire, analyse pour APA les principaux chantiers de Mohamed Bazoum.
Comment appréciez-vous le déroulement du scrutin présidentiel de dimanche dernier ?
En dépit de quelques irrégularités, notamment la saisie de faux bulletins de vote à Dogondoutchi (Sud-Ouest) par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) et l’attaque terroriste qui a fait sept morts à Dorgol, dans la région de Tillabéri (Extrême-Ouest), le vote s’est globalement déroulé dans le calme et la sérénité.
L’élection de Mohamed Bazoum à la tête du Niger ouvre une nouvelle page dans l’Histoire du pays. Car, pour la première fois depuis l’indépendance en 1960, un président démocratiquement élu passe le témoin à un autre par le même procédé.
Quels sont les principaux défis du nouveau président ?
Le chef de l’Etat sera confronté à des défis de plusieurs ordres. C’est d’abord la lutte contre le jihadisme. Cinq des huit régions que compte le Niger sont touchés par ce phénomène. Il s’agit de Diffa, Tillabéri, Tahoua, Agadez et Maradi.
Le Niger est entouré de foyers d’insécurité au niveau de quatre de ses frontières. Au Nord, depuis la chute en Libye de Mouammar Kadhafi, la situation s’est détériorée.
Dans sa frontière Sud-Est avec le Nigeria, la région Diffa proche des Etats fédérés de Borno et Yobé, est notamment la cible d’attaques terroristes depuis février 2015.
A l’Ouest du pays, les localités situées le long des frontières entre le Mali et le Burkina Faso subissent des attaques quasi-quotidiennes. C’est d’ailleurs dans ce territoire appelé la zone des trois frontières que les agents de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) ont été tués le 21 février dernier, jour même du scrutin.
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Hormis le défi sécuritaire, il y a la question de l’emploi et de l’employabilité des jeunes, la sécurité alimentaire, la santé et l’éducation. Bazoum a réservé une part belle à l’éducation des jeunes filles dans son programme de campagne.
Pour que celles-ci étudient jusqu’à la classe de 3e au moins, il a évoqué la création de cantines scolaires surtout dans les zones nomades et dans les localités où les populations sont extrêmement vulnérables.
Sur le plan politique, le successeur de Mahamadou Issoufou a du pain sur la planche. Avec une classe politique que tout oppose. Dans son premier discours, après la proclamation des résultats provisoires, l’ancien ministre de l’Intérieur a lancé un appel à l’endroit de son challenger, Mahamane Ousmane, et de toute la classe politique en vue de s’unir et travailler pour le développement du Niger.
Mouhamadou Issoufou a décidé de respecter la Constitution en ne se présentant pas à la présidentielle. Quel sens donnez-vous à cet acte du président sortant ?
Cette décision de ne pas briguer un 3e mandat, dans une sous-région où la tentation est très forte, a été saluée par tout le continent africain voire la communauté internationale. A travers cette attitude, Issoufou inscrit son nom en lettres d’or dans les annales de l’Histoire politique du Niger. En outre, il peut servir de modèle à Mohamed Bazoum en matière du respect de la Constitution.
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