En Côte d’Ivoire, le scrutin de ce samedi 6 mars est particulier puisque toutes les grandes formations politiques du pays y participent.
Tous les ténors du champ politique ivoirien ont engagé leur parti dans cette élection. Le jeu en vaut la chandelle. En effet, 7,5 millions d’électeurs sont appelés aux urnes pour renouveler le parlement.
Les différents camps se disputent, dans 205 circonscriptions, les 255 sièges de l’hémicycle. Au total, 1232 candidatures ont été retenues après les contentieux auprès du Conseil constitutionnel.
Plus de quatre mois après l’élection présidentielle boycottée par deux des quatre candidats en lice, le dialogue voulu par la mouvance présidentielle a porté ses fruits.
Le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP, coalition au pouvoir) a présenté 254 candidats titulaires avec leurs suppléants tandis que les principaux partis de l’opposition n’ont pas couvert tout le territoire national.
Il faut remonter le temps jusqu’en 1995 pour trouver trace d’une consultation électorale aussi ouverte. Les partis du président Alassane Ouattara et de ses prédécesseurs Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié ont tous honoré ce rendez-vous.
En 2000, des candidatures ont été invalidées. Le Rassemblement Des Républicains (RDR) de l’actuel chef de l’État s’est retiré du processus. Alassane Ouattara, pour qui ces élections n’étaient pas libres et transparentes, avait même ordonné à ses partisans de ne pas accomplir leur devoir civique.
Au lendemain de la crise postélectorale de 2010-2011, Alassane Ouattara accède au pouvoir grâce notamment à son alliance avec le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). Par la suite, le Front Populaire Ivoirien (FPI)de Gbagbo boycotte les élections législatives ainsi que celles de 2016.
Aujourd’hui, le paysage politique a changé. Le PDCI, qui a refusé d’intégrer le RHDP, s’est rapproché du FPI pour conquérir le pouvoir.
Moult enjeux
Pour l’opposition, l’objectif est simple : avoir la majorité à l’Assemblée nationale pour peser de tout son poids dans la destinée du pays. Elle reproche à Ouattara de s’être présenté au scrutin présidentiel du 31 octobre 2020 en violation de la Constitution.
De son côté, la mouvance présidentielle joue gros. Il lui faut absolument contrôler le parlement afin de mener à bien ses projets.
Selon des missions d’observation, le climat sociopolitique est globalement « calme » mais il existe toutefois des foyers de tension alimentés par des discours aux relents tribaux ou régionaux.
Aube Nouvelle, une Organisation Non Gouvernementale conduite par l’ex-préfet d’Abidjan, Vincent Toh Bi, note des « incidents sans blessés à Adjamé, Plateau, Dahouo (Vavoua), Guibéroua, Assikoi et Moapé (Adzope), Zouan Hounien, Affery et Bangolo ».
Sur la base d’une étude qu’elle a réalisée, Aube Nouvelle a identifié des zones à risque : Yopougon, Plateau, Port-Bouët, Anyama, Adjamé, Koumassi, Treichville et Grand-Bassam.
L’ONG a aussi ajouté à sa liste Bonoua, Divo, Oumé, Guibéroua, Duékoué, Attiégouakro, Affery, Agboville, Daloa, Zuénoula, Man, Bongouanou, Adzopé, Tiébissou, Lakota, Gagnoa, Bondoukou. Cependant, prévient l’ex-préfet d’Abidjan, eu égard aux enjeux, des conflits peuvent éclater dans n’importe quelle circonscription électorale en dehors de celles citées plus haut.
Partant de là, M. Toh Bi a exhorté les forces de l’ordre à plus de vigilance, non sans appeler « la Commission Électorale Indépendante (CEI) à travailler, avec le plus grand professionnalisme, dans la justice, l’équité et le respect des textes, procédures et modes opératoires ».
À l’endroit des populations et des partis, il a lancé un message d’apaisement : « Nous demandons de la retenue en cas de différence d’appréciation ».
D’ores et déjà, a regretté Aube Nouvelle, des destructions d’affiches de campagne ont été signalées à Agboville, Guibéroua, Plateau, Yopougon et Port-Bouët. En outre, des candidats surtout indépendants se disent victimes d’intimidations.
Enfin, toujours selon l’ONG, une candidate indépendante a été agressée à Zanzra (département de Zuénoula) et il y a eu une « altercation entre partisans de candidats d’une même liste (RHDP) à Koumassi » dans le Sud d’Abidjan.
AP/ls/id/cgd/APA