Dans une lettre ouverte adressée à Patricia Mirallès, ministre française déléguée chargée de la Mémoire et des Anciens combattants, l’historienne dénonce des erreurs d’identification sur les plaques commémoratives du Tata sénégalais de Chasselay, à quelques jours de sa réouverture.
À l’approche de la cérémonie de réouverture de la nécropole nationale du Tata sénégalais à Chasselay, prévue le 28 mars suite à sa profanation en janvier dernier, l’historienne Armelle Mabon a adressé une lettre ouverte à Patricia Mirallès, ministre déléguée chargée de la Mémoire et des Anciens combattants.
Dans ce courrier daté du 17 mars transmis à APA, l’universitaire dénonce ce qu’elle qualifie de « supercherie mémorielle » concernant les plaques commémoratives inaugurées en janvier 2022 par Geneviève Darrieussecq, alors ministre.
« Sur les vingt-cinq tirailleurs, l’ONaC-VG a transformé quatorze noms sans en référer au procureur de la République pour une modification préalable sur les actes de décès », affirme Armelle Mabon, citant l’exemple de « Soungo SAR qui avait retrouvé son vrai nom par une décision du Procureur de Villefranche sur Saône en 1968 s’appelle désormais sur une des plaques Songué SARR ».
L’historienne pointe également une autre irrégularité : « Sur les vingt-cinq, douze disparus ont été nommés comme inhumés alors que nous ne savons rien de la date, du lieu et des circonstances de leurs décès. »
Cette situation contreviendrait à la réglementation des nécropoles nationales qui, selon une note citée dans la lettre, stipule que « la politique constante du ministère est de ne faire figurer dans les nécropoles que les noms des soldats qui y reposent, à l’exclusion de tout autre ».
Malgré plusieurs recours administratifs et une décision du tribunal administratif de Paris enjoignant le ministère des Armées de communiquer les documents ayant permis l’identification des soldats, Mme Mabon affirme n’avoir obtenu aucun document probant : « Ni le ministère ni l’ONaC-VG n’ont donc répondu à l’injonction. »
L’historienne, avec Eveline Berruezo, documentariste, a saisi la justice administrative pour demander la mise en conformité des plaques. Leur requête a été rejetée en mai 2023, non sur le fond mais pour défaut d’intérêt à agir, une décision dont elles ont fait appel.
« Nous estimons qu’en l’absence d’ayant droit connu de ces hommes, par respect dû aux morts pour la France et pour l’intérêt général de la conformité de l’action publique aux règlements édictés, nos actions doivent être déclarées recevables et examinées », plaide Armelle Mabon.
À ce jour, ni le ministère des Armées ni l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONaC-VG) n’ont réagi publiquement à ces accusations.
AC/Sf/APA