Prévu vendredi après un séjour en Algérie, le retour de l’Imam Mahmoud Dicko, a été reporté en raison d’un important déploiement sécuritaire à Bamako, anticipant des tensions politiques.
Le retour de l’Imam Mahmoud Dicko, figure clé du soulèvement qui a conduit à la chute du président Ibrahim Boubacar Keïta en 2020, a été reporté à la dernière minute. Initialement attendu ce vendredi après un séjour médical en Algérie, il ne reviendra pas immédiatement à Bamako. Ses partisans, face au déploiement exceptionnel des forces de sécurité dans la capitale, ont décidé de différer son arrivée, redoutant une escalade des tensions dans un Mali où l’équilibre politique reste fragile.
Dès jeudi soir, les forces de l’ordre ont été mobilisées en nombre pour encadrer ce retour. Selon une source sécuritaire, plus de 1 200 agents ont été déployés dans Bamako sous la coordination de la Direction régionale de la Police nationale.
Le dispositif visait en priorité l’aéroport international Président Modibo Keïta et les axes stratégiques menant au centre-ville, où les autorités redoutaient des attroupements de soutiens à l’Imam.
« L’objectif est d’éviter tout débordement », confie une source sécuritaire, confirmant que les forces avaient reçu des instructions strictes en ce sens.
Dans un communiqué reçu à APA, la Commission des soutiens de l’Imam Dicko justifie cette décision par la nécessité de préserver la stabilité du pays. « Nous refusons d’offrir un prétexte à une quelconque confrontation », expliquent les soutiens du religieux.
Le contexte est d’autant plus tendu que le camp de l’Imam continue de dénoncer l’arrestation de Daouda Magassa, l’un de ses partisans, dont il réclame la libération immédiate. Ce nouvel épisode rappelle celui de mars 2024, lorsque la dissolution de la CMAS (Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’Imam Mahmoud Dicko) par le gouvernement de transition avait conduit l’Imam à prolonger son séjour en Algérie, perçu par certains comme un exil forcé, et entraîné l’arrestation de plusieurs de ses proches, dont Youssouf Daba Diawara.
L’Imam Dicko, figure emblématique de la contestation populaire de 2020, conserve une influence majeure sur la scène politique malienne. Son discours, oscillant entre critique du pouvoir et appel à la réconciliation, fait de lui un acteur incontournable, mais aussi un potentiel facteur d’instabilité pour les autorités de transition.
En témoigne le dispositif sécuritaire mis en place, signe de la nervosité du régime.
« Son retour aurait pu être un catalyseur pour de nouvelles mobilisations », estime un analyste politique bamakois.
MD/ac/Sf/APA