Sept mois après le retrait des casques bleus, la situation sécuritaire continue de se détériorer en République démocratique du Congo (RDC), le conflit gagnant pour la première fois le Sud-Kivu.
Au Sud-Kivu, les rebelles du M23 progressent. Dans un entretien avec ONU Info, la porte-parole de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation du pays (MONUSCO), Ndèye Khady Lo, a exprimé sa vive inquiétude.
« Nous sommes profondément préoccupés par la détérioration de la situation sécuritaire dans l’est de la RDC », a-t-elle indiqué, notant « c’est la première fois que le conflit s’étend » dans cette province, à la frontière avec le Rwanda.
Ces derniers jours, le M23 a fait d’importantes avancées face à l’armée congolaise dans la province du Nord-Kivu. Le groupe rebelle a également pris, mardi, le contrôle de Minova, une ville stratégique du Sud-Kivu, à un carrefour clé sur la route menant à Goma, l’une des principales métropoles du pays. Avec le retrait des casques bleus de la MONUSCO de cette province en juin 2024, les forces de l’ONU ne sont plus présentes dans cette zone.
Depuis le 18 janvier, le M23 continue de progresser, entraînant des pertes humaines et le déplacement de plus de 250 000 personnes. En plus de Minova, les rebelles ont pris le contrôle du port de Kasunyu, un axe stratégique pour le transport fluvial sur le lac Kivu, et pour l’exploitation minière.
La situation reste tendue au Nord-Kivu, où des affrontements violents entre les Forces armées de la RDC (FARDC), le M23 et d’autres groupes armés persistent, notamment près de Sake. La MONUSCO a renforcé ses positions défensives dans la région, notamment autour de Goma et Sake, dans le cadre de l’opération Springbok lancée en novembre 2023, afin de prévenir une nouvelle avancée du M23. « Les positions défensives sont sous pression », a indiqué Ndèye Khady Lo.
Des combats à Bweremana, mardi, ont fait au moins 10 morts, et des milliers de personnes ont fui vers Kalehe, Goma et Rusayo. Des tirs de mortier ont également mis en danger les populations réfugiées dans les sites pour personnes déplacées.
Malgré le retrait de la MONUSCO du Sud-Kivu, les agences humanitaires de l’ONU restent présentes, mais elles n’ont plus le soutien logistique de la mission, a précisé la porte-parole. Elle a lancé un appel au M23 pour qu’il dépose les armes et respecte le cessez-le-feu en vigueur depuis le 4 août dernier, tout en appelant toutes les parties à renouveler leur engagement en faveur du processus de Luanda, qui vise à maintenir le dialogue entre la RDC et le Rwanda.
ODL/te/Sf/APA