À la Cour suprême, le Président Diomaye Faye a annoncé la création d’un comité pour concrétiser les recommandations des récentes assises de la justice, tout en appelant à une justice plus humaine, accessible et performante. Le chef de l’État sénégalais a également insisté sur l’équilibre entre le respect du droit de grève et la préservation des services publics essentiels, soulignant la place cruciale de la justice dans la stabilité sociale et la cohésion nationale.
Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a présidé jeudi la cérémonie solennelle de rentrée des cours et tribunaux, annonçant une série de réformes majeures de la justice et un encadrement renforcé du droit de grève.
Dans son discours à la Cour suprême, le chef de l’État a confirmé la mise en place d’un comité chargé de matérialiser les recommandations issues des récentes assises de la justice, organisées au début de son mandat. Ces assises, qui ont réuni l’ensemble des acteurs socioprofessionnels, visent à « humaniser le visage de la justice » et à « rendre plus performant le service public de la justice ».
Faye a insisté sur la nécessité de « rapprocher la justice du peuple » et d’ouvrir le monde judiciaire « au questionnement, à la remise en cause, aux changements et à la modernisation », mettant en garde contre « la tentation de l’entre-soi et du repli ».
Encadrement du droit de grève
Concernant le droit de grève, thème central de cette rentrée judiciaire, le président a annoncé l’élaboration de réformes juridiques visant à clarifier les conditions d’exercice de ce droit dans les secteurs stratégiques. Tout en réaffirmant le caractère fondamental du droit de grève, garanti par la Constitution et par les conventions internationales, il a souligné la nécessité de l’exercer « dans le respect des conditions posées par le constituant ».
Le chef de l’État a rappelé que ce droit ne doit « ni porter atteinte à la liberté de travail, ni mettre en péril l’entreprise ou les services publics essentiels ». Des mécanismes d’arbitrage et de médiation seront renforcés pour prévenir les conflits sociaux.
Une réforme majeure de l’assistance judiciaire a été annoncée avec un projet de loi et un décret en préparation. Cette réforme vise à dépasser le cadre actuel, basé sur un simple protocole d’accord de 2005, pour étendre l’aide juridictionnelle aux victimes et aux affaires civiles, alors qu’elle est actuellement limitée aux prévenus en matière pénale.
Le président a abordé l’urgence de débloquer l’accès à la profession d’avocat, gelé depuis près de quatre ans. Il a appelé le Barreau à organiser rapidement, en coordination avec le ministère de la Justice, les cours préparatoires et l’examen d’aptitude à la profession d’avocat, conformément aux normes communautaires de l’UEMOA.
Cohésion nationale
Dans un message plus politique, le président Faye a évoqué la période 2021-2024, appelant à ce que cette « récente histoire » ne se reproduise plus. Il a souligné l’importance de la justice comme « garante en dernier ressort de la stabilité sociale », insistant sur le rôle des juges qui doivent « dire le droit sans céder à l’injustice ».
Le gouvernement dirigé par le Premier ministre Ousmane Sonko s’est engagé à renforcer les cadres de dialogue entre travailleurs, employeurs et autorités publiques, une démarche présentée comme essentielle pour le succès de l’Agenda national de transformation Sénégal 2050.
Au terme de cette cérémonie, qui marque l’ouverture de l’année judiciaire 2025, le président Faye a réaffirmé son engagement pour « un Sénégal de liberté, un Sénégal de justice, un Sénégal de prospérité », appelant à la construction d’un pays « où les droits de chacun s’expriment, dans le respect de l’intérêt général ».
AC/Sf/APA