Il est temps de mettre fin aux « souffrances déchirantes » au Soudan, a indiqué jeudi l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Soudan.
À l’issue de la troisième réunion consultative sur le Soudan, qui s’est tenue à Nouakchott, en Mauritanie, le représentant spécial Ramtane Lamamra a souligné qu’il est de la responsabilité collective de la communauté internationale de faire tout ce qui est en son pouvoir pour mettre un terme aux souffrances déchirantes du Soudan, qui durent depuis trop longtemps.
« Il est déchirant de constater que le conflit en cours – depuis pas moins de 20 mois maintenant – continue d’avoir un impact dévastateur sur le peuple soudanais, en particulier sur les femmes et les enfants », a affirmé le diplomate algérien, relevant que « cela ne peut plus durer ».
Cité par un communiqué de presse, l’Envoyé de l’ONU a souligné que le partenariat entre les organisations multilatérales et les principaux artisans de la paix reste indispensable.
La nécessité urgente de parvenir à un cessez-le-feu
« Je suis convaincu que nous continuerons à nous appuyer sur ces acquis, en veillant à la complémentarité, à la cohérence et à la coordination de nos efforts en faveur du Soudan et de son peuple », a-t-il ajouté.
La réunion, qui s’est tenue à l’invitation de la Mauritanie en sa qualité de présidente en exercice de l’Union africaine, a rassemblé des représentants de haut niveau d’organisations multilatérales ainsi que de pays parrainant des initiatives de paix au Soudan.
Selon le communiqué final, les participants ont insisté sur la nécessité urgente de parvenir à un cessez-le-feu au Soudan pour instaurer la paix et la stabilité dans le pays, exhortant les parties belligérantes à respecter pleinement leurs obligations en vertu du droit humanitaire international ainsi que leurs engagements au titre de la déclaration de Djeddah.
Les participants ont également réaffirmé leur intention de renforcer la coordination et d’intensifier les efforts, en veillant à ce que les diverses initiatives visant à mettre fin à la guerre au Soudan et à la reprise d’un processus politique inclusif soient complémentaires.
Des civils fuyant la guerre au Soudan pour se réfugier en Ouganda ont livré des témoignages « poignants », à des enquêteurs de l’ONU, détaillant les exactions du conflit meurtrier qui sévit dans ce pays d’Afrique du Nord-Est.
Les membres de la Mission internationale indépendante d’établissement des faits des Nations Unies pour le Soudan ont exprimé leur inquiétude quant à l’aggravation de l’impact du conflit sur les civils après avoir rencontré environ 200 réfugiés soudanais lors d’une visite en Ouganda du 1er au 18 décembre. Ces derniers sont originaires de la capitale Khartoum ainsi que du Nil Bleu, du Darfour, de Gezira, du Kordofan et du Nil Blanc.
La visite a également permis de faire la lumière sur des incidents majeurs, notamment le siège de la ville d’El Fasher et de ses environs au Darfour Nord depuis avril 2024. La mission d’enquête a recueilli des témoignages poignants de destructions massives, de meurtres, de viols et d’autres violences sexuelles.
Des cas de viols, de travail forcé et d’autres abus graves
Le siège s’est accompagné de bombardements incessants entre les forces armées soudanaises (SAF) et les forces de soutien rapide (RSF), touchant les civils et les infrastructures civiles, y compris les hôpitaux, et entraînant des conditions humanitaires catastrophiques.
« Au lieu de contribuer positivement à la reconstruction du Soudan, des millions de réfugiés soudanais sont piégés dans des conditions désastreuses dans des camps et des installations dans les pays voisins alors que le conflit fait rage », a déclaré Mohamed Chande Othman, président de la mission d’établissement des faits.
Les experts se sont entretenus avec plusieurs Soudanais ayant fui l’État de Gezira, qui ont décrit des viols, du travail forcé et d’autres violations graves des droits de l’homme et du droit humanitaire international, perpétrés en grande partie par les FRS. Le pillage et le saccage des maisons et des fermes civiles par les FAR ont également exacerbé la crise humanitaire dans l’État de Gezira.
Plusieurs femmes ont souligné l’augmentation du nombre de fausses couches, tandis que d’autres ont été touchées de manière disproportionnée par les frappes aériennes ou les tirs d’obus sur les marchés, à la fois en tant que vendeuses et lorsqu’elles s’approvisionnaient en produits de première nécessité pour leur famille.
L’Ouganda accueille 64 000 réfugiés soudanais
Les femmes ont également fait état de harcèlement sexuel, notamment de la part d’individus portant l’uniforme de RSF et parlant des langues étrangères. De nombreuses femmes ont exprimé leur désir de façonner l’avenir du Soudan et de ne pas laisser l’avenir du pays entre les mains des hommes en guerre.
« Les femmes et les enfants du Soudan ne sont pas seulement les principales victimes de ce conflit insensé, mais ils détiennent également la clé d’une vie paisible et digne pour tous les Soudanais », a affirmé Mona Rishmawi, membre de la mission d’enquête.
Près de la moitié de la population du Soudan, soit près de 26 millions de personnes, a un besoin urgent d’aide humanitaire, dont près de trois millions souffrent d’une faim aiguë. Plus de 14 millions de civils ont été déplacés de force dont près de trois millions de réfugiés dans les pays voisins. Parmi eux, 64 000 ont fui vers l’Ouganda depuis le début du conflit actuel en avril de l’année dernière.
A noter que la Mission d’enquête sur le Soudan s’est également rendue à Addis-Abeba, en Éthiopie, où elle a engagé un dialogue constructif avec l’Union africaine et les agences des Nations Unies.
TE/Sf/APA