En Somalie, la décision de retrait des forces fédérales du Jubaland intervient dans un contexte de tensions croissantes entre le gouvernement central de Mogadiscio et les autorités de l’enclave, exacerbées par des différends politiques et sécuritaires.
Les forces fédérales somaliennes se sont retirées de leurs positions dans la région méridionale semi-autonome du Jubaland après des affrontements avec les forces régionales, a annoncé jeudi le gouvernement.
La Somalie, en proie aux conflits, est une fédération composée de cinq États membres semi-autonomes – le Puntland, le Jubaland, le Galmudug, le Hirshabelle et le Sud-Ouest – et d’un gouvernement central établi à Mogadiscio, la capitale.
« Le gouvernement fédéral somalien, conformément à son obligation de protéger le sang du peuple somalien, en particulier les membres des forces armées nationales, a ordonné à l’armée de se retirer de ses positions dans le Bas Juba », a indiqué le gouvernement dans un communiqué, sans plus de précisions.
La veille, des affrontements entre les forces fédérales et les forces loyales aux autorités du Jubaland, région dirigée par l’ex-chef de guerre Ahmed Madobe, s’étaient produits pendant plusieurs heures dans et autour de la localité de Ras Kamboni, selon le gouvernement et des responsables militaires.
Le gouvernement a accusé les forces d’Ahmed Madobe d’être à l’origine des affrontements.
« Les forces armées somaliennes n’avaient reçu aucune instruction leur permettant d’engager une confrontation armée avec quiconque, à l’exception des Kharijites », a-t-il dit dans un communiqué, en utilisant le terme que les autorités emploient pour désigner les islamistes radicaux shebab.
Selon le gouvernement, les forces armées qui avaient été déployées pour remplacer les soldats de la force de l’Union africaine en Somalie (Atmis), sur le départ, restent « pleinement engagées à remplir leurs obligations nationales de défense de la nation, du peuple et de la religion ».
Ras Kamboni était contrôlée par les forces du Jubaland jusqu’à ce que l’armée fédérale s’en empare sans effusion de sang cette année.
Des responsables du Jubaland ont affirmé jeudi avoir repris le contrôle de cette ville.
Le ministre adjoint à la Sécurité de cette région, Adan Ahmed, a affirmé à des journalistes que les affrontements de la veille étaient « illégaux », et a estimé que l’implication des forces nationales somaliennes était « motivée politiquement ».
Les tensions notoires entre l’autorité centrale et le Jubaland se sont accrues depuis la réélection fin novembre d’Ahmed Madobe au poste de président régional pour un troisième mandat.
Le processus a été jugé « illégal » par le gouvernement central, qui estime qu’Ahmed Madobe n’était plus éligible car il avait déjà effectué le maximum de deux mandats prévu par la Constitution. Un mandat d’arrêt a été délivré contre lui par un tribunal de Mogadiscio.