De violents affrontements autour du camp de déplacés de Zamzam, au Darfour-Nord, perturbent l’acheminement de l’aide humanitaire et mettent en péril la sécurité des civils, a alerté mercredi le Programme alimentaire mondial (PAM).
Le Soudan est en proie à une guerre civile depuis près de vingt mois entre l’armée et les paramilitaires. Si des habitants ont réussi à fuir vers des pays voisins comme le Tchad, d’autres personnes vivent encore sous l’angoisse de tirs d’artillerie des belligérants. Dans le camp de déplacés de Zamzam, une région du Darfour-Nord où la famine est officiellement confirmée, les combats compromettent l’arrivée des convois vitaux du PAM, a appris APA de cette agence onusienne.
« Ces livraisons sont le seul moyen d’inverser la tendance de la famine », a-t-elle déclaré sur le réseau social X, exprimant sa vive préoccupation pour la sécurité des civils dans le camp et de leurs partenaires sur le terrain.
Le PAM, qui n’a actuellement pas de personnel dans ce lieu, affirme avoir réussi à acheminer, le 22 novembre, une aide destinée à 12 500 personnes, marquant la première distribution depuis plusieurs mois. Le convoi a quitté le camp le 29 novembre après avoir distribué l’ensemble de l’aide.
L’Organisation des Nations Unies (ONU) a fermement condamné mardi les bombardements meurtriers de Zamzam, le plus grand site de personnes déplacées au Darfour. La Coordinatrice résidente de l’ONU au Soudan, Clémentine Nkweta-Salami, a exprimé sa « profonde inquiétude » face aux attaques survenues les 1er et 2 décembre, qui ont causé la mort d’au moins cinq personnes et blessé 18 autres. Ces attaques ont forcé l’évacuation d’un hôpital et suspendu les services de santé dans le camp, situé près d’El Fasher, capitale du Darfour-Nord.
« Les civils et les infrastructures civiles sont protégés par le droit international humanitaire et ne devraient jamais être pris pour cible », a rappelé Mme Nkweta-Salami.
Le Soudan enregistre actuellement le taux de malnutrition le plus élevé d’Afrique de l’Est, avec environ 3,7 millions d’enfants et 1 million de femmes souffrant de malnutrition aiguë. Dans le camp de Zamzam, 35% des enfants dépistés souffrent de malnutrition aiguë, dont un tiers de malnutrition sévère.
Selon le Bureau onusien de coordination des affaires humanitaires (OCHA), la famine pourrait persister dans les zones assiégées, notamment à Zamzam, durant la période de soudure 2025 si l’aide reste entravée. L’insécurité alimentaire extrême touche également d’autres régions, comme le Kordofan méridional et Khartoum, où des milliers de civils déplacés sont en danger.
Malgré le début de la récolte principale en novembre, la situation reste critique dans les zones les plus touchées par le conflit. Le PAM et les Nations Unies appellent à un accès immédiat et sans entrave à l’aide humanitaire pour éviter une aggravation de la catastrophe humanitaire.
ODL/Sf/ac/APA