Le second Forum continental du Programme de surveillance mondiale pour l’environnement et la sécurité en Afrique (GMES et Afrique) s’est ouvert lundi à Abidjan autour du thème « L’observation de la terre: Favoriser la durabilité environnementale et la croissance socio-économique en Afrique ».
Ce thème a trait au mandat global du Programme GMES et Afrique qui vise notamment l’utilisation des services et applications d’observation de la terre pour favoriser la gestion de l’environnement, des ressources naturelles et à long terme, le développement humain.
À l’ouverture de la session, le ministre ivoirien de l’Environnement et du développement durable, Jean-Luc Assi a déclaré que « de nos jours, aucune planification stratégique durable de notre développement ne peut se faire sans données satellites ».
De ce fait, l’Afrique peut tirer pleinement profit de l’utilisation des satellites pour la mise en œuvre et le contrôle de ses politiques publiques dans les secteurs de plus en plus vulnérables au changement climatique.
Dans ce contexte, il a fait observer que l’exploitation optimale des informations recueillies par des satellites devrait contribuer fortement à la gestion des ressources, l’aménagement du territoire ou encore la lutte contre le changement climatique.
« C’est pourquoi, nous suivons avec beaucoup d’attention, le Programme de Surveillance Mondiale pour l’Environnement et la Sécurité en Afrique, programme phare de la commission de l’Union Africaine en partenariat avec la Commission Européenne », a-t-il ajouté.
Le Programme de surveillance mondiale pour l’environnement et la sécurité en Afrique a pour objectif le renforcement des capacités des institutions continentales africaines en matière d’utilisation de l’observation de la terre.
Le ministre ivoirien de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Adama Diawara, a pour sa part relevé que « le manque de données ponctuelles et au sol constitue depuis des décennies, dans le monde et plus particulièrement en Afrique, un défi majeur pour l’atteinte des objectifs du développement durable ».
La qualité de ces données pose par ailleurs un grand problème pour le dimensionnement des infrastructures et pour les études d’impacts. Le constat est que l’utilisation effective et à grande échelle de l’information issue des images satellites pour l’aide à la décision et pour la planification est encore faible en Afrique.
M. Adama Diawara a soutenu que les observations spatiales combinées aux observations au sol et aux simulations numériques, permettent par exemple de comprendre, surveiller et prévoir l’état de la planète pour s’adapter localement et globalement au changement climatique.
« Concernant l’état des lieux en Côte d’Ivoire, nous avons besoin de renforcer les travaux de recherche en cours dans nos universités et institutions de recherche, sur l’utilisation de l’information spatiale pour la protection de la biodiversité et la gestion efficace et durable des ressources naturelles terrestres et marines, afin d’éviter leur exploitation abusive et anarchique », a-t-il poursuivi.
Il a fait savoir que des études de télé-épidémiologie sont entreprises pour surveiller l’épicentre et les zones de propagation de certaines épidémies et endémies, avant de mentionner que les deux verrous principaux de toutes ces recherches menées en Côte d’Ivoire restent d’une part la disponibilité de l’information satellite et la puissance de calcul pour traiter ces données et les stocker sur place.
En suite, le pays fait face au défi d’utilisation par le secteur privé et les services opérationnels de l’Etat des résultats de ces recherches. Pour lui, « il ne suffit plus d’être seulement un bon usager de l’information satellite. Nous devons être des acteurs contribuant à l’observation spatiale ».
Il conçoit que « la conquête spatiale est aujourd’hui une nécessité stratégique pour se développer et se protéger. Posséder un satellite est aujourd’hui crucial, tant pour les enjeux de développement économique que de sécurisation du territoire ».
Cet enjeu offre aujourd’hui de vraies opportunités à saisir autour des nanosatellites et des drones, et la Côte d’Ivoire compte en profiter pour développer et consolider sa politique spatiale pour accompagner le développement du pays avec des moyens innovants, a-t-il déclaré.
La Côte d’Ivoire dispose d’un Centre national de calcul permettant le traitement intensif de grandes quantités de données satellites. Ce centre national de calcul est une réponse à la vision d’émergence du pays portée par le chef de l’Etat.
« J’invite donc les porteurs de projets GMES en Côte d’Ivoire et en Afrique à se rapprocher du Centre National de Calcul pour contribuer à atteindre les objectifs du partenariat GMES and Africa », a lancé M. Adama Diawara, qui a annoncé que son pays envisage de créé l' »Agence spatiale ivoirienne ».
Le Programme GMES et Afrique s’inscrit dans le cadre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Selon le directeur du Département, de l’éducation, de la science, des technologies et innovation de la Commission de l’UA, les données de l’espace visent à assurer un développement holistique du continent.
Ce second Forum continental du Programme de surveillance mondiale pour l’environnement et la sécurité en Afrique (GMES et Afrique), se déroule du 6 au 10 décembre 2021 à Abidjan.
AP/ls/APA