Joël Aïvo et deux autres co-accusés ont été lourdement condamnés à dix ans de prison par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet).
Le célèbre professeur de droit constitutionnel est reconnu coupable de « blanchiment de capitaux et d’atteinte à la sûreté de l’État » selon la juridiction. Le verdict rendu ce mardi 7 décembre 2021 sonne comme un coup de semonce pour ses avocats et ses partisans qui attendaient son « acquittement ».
En plus de cette lourde sentence, Joël Aïvo devra s’acquitter d’une amende de 45 millions de francs CFA. Boni Sare Issiakou et Ibrahim Bachabi Moudjaïdou, ces deux autres co-accusés devront payer eux 5,7 millions de francs CFA.
L’opposant en détention depuis huit mois parle de « vengeance politique ». Il s’est dit persuadé de payer « ses convictions démocratiques ». « Aujourd’hui c’est moi. À qui le tour demain
? » a-t-il lancé à ses proches abasourdis par sa condamnation.
Selon Ludovic Hennebel, avocat de la victime, « le pouvoir en place envoie un signal fort à tout opposant politique qui oserait lui faire de l’ombre ces dix prochaines années ». La robe noire parle d’une peine « disproportionnée, excessive, abusive et absurde ».
Joël Aïvo, a été arrêté en avril dernier au lendemain de la réélection de Patrice Talon avec 86% des suffrages. La Criet s’intéressait à sa caution de 50 millions déposée lors du scrutin. La juridiction estime que cette caution du candidat, recalé du reste à la présidentielle, aurait été financée par Arnaud Houédanou, accusé par le passé, d’avoir fomenté un coup d’Etat.
Qualifiée de « juridiction d’exception » par l’opposition, la Criet va reprendre service le 10 décembre 2021 pour juger l’ancienne ministre Reckya Madougou. Cette dernière est accusée de « tentative de déstabilisation du pays et d’assassinat contre une personnalité politique » pour empêcher la tenue de la présidentielle.
CD/APA