Le programme de sécurité alimentaire lancé à Abidjan, et qui intègre les défis de résilience face au changement climatique, vise à accroître la production vivrière en Côte d’Ivoire, où 12,6% des ménages sont en insécurité alimentaire.
Le ministre du Commerce, de l’Industrie et de la Promotion des PME, Dr Souleymane Diarrassouba, a lancé ce jeudi 7 novembre 2024, à Abidjan, le Programme sécurité alimentaire de la fourche à la fourchette (SAFAF), au terme d’un atelier de deux jours, qui a regroupé les acteurs du monde agricole.
Le Programme SAFAF, qui bénéficie d’un appui financier du Fonds européen de développement à hauteur de 6,5 milliards de Fcfa, est mis en œuvre par Lady Agri en partenariat avec l’Office d’aide à la commercialisation des produits vivriers (OCPV) de Côte d’Ivoire.
Selon Dr Souleymane Diarrassouba, ce partenariat stratégique entre Lady Agri et l’OCPV pour une durée de quatre ans, « va contribuer à assurer une croissance durable et inclusive des filières vivrières en Côte d’Ivoire » et améliorer la résilience du système de production alimentaire.
Il devrait « permettre d’identifier les contraintes spécifiques aux grandes zones agro-climatiques du pays et de proposer des solutions adaptées en vue de garantir la sécurité alimentaire, par la connectivité, l’inclusion et le commerce entre tous les niveaux de la chaîne de valeur », a-t-il ajouté.
Le directeur général de l’OCPV, Bernard Adou, a relevé que cet atelier, organisé sous forme de Business forum, avait pour but d’adresser les problématiques dans le secteur vivrier, « confronté à des difficultés liées à la production, à la transformation, à la commercialisation et surtout à la gouvernance ».
« C’est pour trouver des solutions durables que la collaboration OCPV et Lady Agri a été mise sur pied, à travers ce programme, qui dans sa mise en œuvre permettra d’améliorer la résilience des systèmes en matière de transformation et de commercialisation et la gouvernance », a-t-il précisé.
M. Bernard Adou a déclaré que le Programme SAFAF a également pour objectif l’atteinte de la souveraineté alimentaire en Côte d’Ivoire, ainsi que l’amélioration du cadre organisationnel et réglementaire de la chaîne de valeur du secteur vivrier.
La secrétaire générale de Lady Agri, Mme Hilary Barry, a déclaré que ce programme vise également une croissance des PME et des coopératives dirigées par les femmes et les jeunes, afin de contribuer à l’économie nationale, au commerce régional et international.
Mme Hilary Barry a fait observer que 43 millions de personnes font face à l’insécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest, soit quatre fois plus qu’en 2014. En Côte d’Ivoire, quelque 12,6% des ménages sont en insécurité alimentaire.
Elle a, par ailleurs, souligné que la Côte d’Ivoire, qui enregistre un taux de 2,5% de croissance démographique annuelle, devrait nourrir 52 millions de personnes à l’horizon 2050 contre 31 millions d’habitants aujourd’hui.
Ce programme de lutte contre l’insécurité alimentaire et le changement climatique intervient dans un contexte où la Côte d’Ivoire fait face à 30% de pertes en moyenne sur les produits vivriers (igname, manioc, banane plantain). L’inflation sur les produits alimentaires, elle, s’est établie à 5%.
L’ambassadeur de l’Union européenne en Côte d’Ivoire, Francesca Di Mauro, s’est félicitée du Programme SAFAF qui accompagne les femmes, « responsables de près de 80% de la production alimentaire » dans le pays.
En plus du défi climatique, « les systèmes alimentaires sont fragilisés par l’impact de l’invasion de l’Ukraine par la Russie et la pandémie de 2019 », des facteurs qui affectent également les prix agricoles sur les marchés, a-t-elle poursuivi.
La Banque mondiale, dans son rapport 2023 sur le climat et le développement économique, estime qu’en Côte d’Ivoire, le changement climatique pourrait réduire le PIB de 13% d’ici à 2050 et plonger plus de 1,6 million de personnes dans la pauvreté, si rien n’est fait.
AP/Sf/APA