Les marchés du carbone, potentiels leviers de développement durable, restent sous-exploités par les pays les moins avancés (PMA) selon un nouveau rapport de la CNUCED. L’agence onusienne appelle donc à renforcer les cadres nationaux et à mobiliser un soutien international pour leur permettre de tirer pleinement profit de ces mécanismes.
Les marchés du carbone, bien que prometteurs, n’ont jusqu’à présent apporté qu’un soutien financier limité aux pays les moins avancés (PMA) pour leurs efforts de développement durable, selon un nouveau rapport publié par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).
Ce document, dévoilé ce lundi, souligne que des réglementations nationales plus strictes et des lois adaptées pourraient aider ces pays à exploiter davantage les marchés du carbone et à mieux contribuer aux objectifs mondiaux de réduction des émissions.
Les PMA ont été parmi les premiers à s’engager dans les marchés du carbone, mais leur participation reste restreinte par des contraintes structurelles : des économies de petite taille, des infrastructures limitées et un manque de technologies et de capacités institutionnelles. Ces facteurs freinent leur contribution et les gains qu’ils pourraient tirer de la vente de crédits carbones, essentiels dans la lutte contre le changement climatique.
En 2023, les crédits carbone issus des PMA représentaient une valeur marchande d’environ 403 millions de dollars, soit une faible part par rapport à d’autres sources de financement, telles que l’aide au développement ou les investissements étrangers.
Cette somme reste donc dérisoire face aux besoins financiers des PMA, qui doivent mobiliser près de 1 000 milliards de dollars par an pour atteindre leurs objectifs de développement d’ici à 2030.
Concentration géographique et obstacles à la participation
L’accès des PMA aux marchés du carbone est en grande partie limité à une poignée de pays.
En effet, seulement six pays – le Bangladesh, le Cambodge, la République démocratique du Congo, le Malawi, l’Ouganda et la Zambie – représentent plus de 75 % des crédits carbones émis par les PMA sur les marchés volontaires et 80 % dans le cadre du Mécanisme de développement propre (MDP) du Protocole de Kyoto.
Cette concentration géographique met en exergue un potentiel non exploité dans de nombreux autres PMA qui pourraient bénéficier de projets de crédits carbones et ainsi diversifier leurs sources de revenus tout en participant aux efforts climatiques mondiaux.
Toutefois, les études de cas montrent que les avantages, tels que le transfert de technologies, l’éducation et le développement communautaire, demeurent incertains et parfois marginaux.
Des secteurs prometteurs pour l’action climatique
Selon le rapport, la sylviculture, l’agriculture et les énergies renouvelables offrent des opportunités intéressantes pour les PMA, capables de générer des crédits carbones substantiels.
Ce potentiel pourrait compenser jusqu’à 70 % des émissions de CO2 de l’industrie aéronautique en 2019. Cependant, pour que ce potentiel soit exploité, les experts estiment qu’un prix du carbone de 100 dollars par tonne serait nécessaire pour garantir la rentabilité des projets terrestres, tandis qu’aujourd’hui, les PMA ne réalisent qu’environ 2 % de ce potentiel.
Face à ces constats, la CNUCED formule plusieurs recommandations pour que les PMA profitent davantage des marchés du carbone. Elle encourage d’abord le renforcement des cadres réglementaires nationaux afin d’assurer que les projets carbones bénéficient aux communautés locales.
En parallèle, elle appelle à un soutien international accru, notamment à travers la coopération Sud-Sud et des partenariats pour renforcer les capacités techniques des PMA.
Enfin, l’agence onusienne plaide pour des cadres de soutien dans les accords mondiaux sur le climat, afin que les marchés du carbone soient intégrés aux stratégies de développement économique plus large.
Un tel appui permettrait aux PMA de jouer un rôle actif dans la transition climatique tout en bénéficiant des retombées économiques.
ARD/Sf/te/APA