La capitale économique ivoirienne accueille la 3e édition du Colloque international sur l’autonomisation économique des femmes en Afrique de l’Ouest les 7 et 8 novembre 2024.
L’annonce de cet évènement d’envergure internationale a été faite, ce lundi 4 novembre 2024, à Abidjan, par le directeur du Centre ivoirien de recherches économiques et sociales (CIRES), Dr Diarra Ibrahim, lors d‘une conférence de presse.
Ce colloque international qui se déroulera en présentiel et en ligne, mettra l’emphase sur le travail ménager non rémunéré des femmes. Selon le directeur du CIRES, il s’agira de présenter l’état des lieux, l’enjeu et des solutions innovantes.
L’objectif, dira-t-il, est de faire le plaidoyer sur le travail des soins non rémunérés, afin que les autorités prennent des textes de lois afin de « réduire le temps » que les femmes mettent pour les tâches domestiques pour se consacrer à d’autres activités qui génèrent des revenus en vue de leur autonomie au plan économique.
La réduction de ce temps consacré aux activités ménagères « peut se faire également avec une implication beaucoup plus accrue des hommes qui apportent un appui à ces femmes sur un certain nombre de tâches qui sont réalisées dans le foyer », a-t-il relevé.
Ces questions seront débattues lors de ce colloque. Dr Ibrahim Diarra a fait observer que « les femmes passent plus de temps sur le travail des soins non rémunérés que les hommes et l’écart s’amplifie chaque année ».
« L’idée est de voir quelles sont les stratégies qu’on met en place, à la fois avec les outils innovants, mais surtout avec l’implication des hommes (ainsi que des moyens technologiques) pour soulager la pénibilité des femmes », a-t-il ajouté.
Le projet vise, en outre, à voir combien d’heures les femmes peuvent passer à faire certaines activités, pendant que les hommes s’occupent d’autres tâches, a-t-il poursuivi, évoquant la « redistribution » du timing.
Une étude sur le travail des soins non rémunérés, en zone rurale, montre par exemple que l’usage de fours améliorés permet aux femmes d’avoir du temps pour vaquer à d’autres occupations, a-t-il fait remarquer.
Au terme du colloque, « nous souhaitons qu’au niveau de nos gouvernants, qu’il y ait cette reconnaissance (du travail des soins non rémunérés), à travers la prise de textes et de lois » pour une mise en œuvre effective, a-t-il insisté.
En Afrique de l’Ouest comme dans la plupart des régions d’Afrique subsaharienne, la responsabilité du travail des soins non rémunérés incombe principalement aux femmes et jeunes filles. Les femmes, particulièrement dans les milieux ruraux, passent proportionnellement plus de temps à effectuer les travaux domestiques.
Les femmes effectuent, entre autres, les activités relatives à la cuisine, à la collecte de combustibles et d’eau, au ménage, ainsi qu’aux soins des enfants. Selon l’OIT, la main-d’œuvre des soins à autrui se compose de 249 millions de femmes contre 132 millions d’hommes.
En 2030, le nombre de bénéficiaires des services de soins à autrui devrait atteindre 2,3 milliards avec l’augmentation de personnes âgées et des enfants de 6 à 14 ans. Les femmes, elles, effectuent 76% de l’ensemble du travail de soins à autrui non rémunéré, 3,2 fois plus que les hommes.
La répartition inégale des responsabilités dans l’exécution de ces soins à de nombreuses répercussions pour l’autonomisation économique des femmes, se déclinant en termes de perte de bien-être et d’accès limité au marché du travail et aux opportunités économiques.
En Côte d’Ivoire, les travaux ménagers non rémunérés des femmes sont évalués à 674,43 milliards Fcfa soit 2,1% du Produit intérieur brut (PIB) contre 179,13 milliards de Fcfa pour les hommes, renseigne une étude du CIRES publiée en 2021.
AP/Sf/APA