Déjà en proie à des conflits, le Sahel fait face à une nouvelle crise avec le pillage des produits de santé en 2024. Selon le rapport de Insecurity Insight de juillet 2024, ces actes de violence ont gravement compromis l’accès aux soins pour les populations vulnérables, exacerbant une situation sanitaire déjà désastreuse dans la région.
Le Sahel, une région déjà fortement touchée par des crises multiples, fait face à une nouvelle menace en 2024 : le pillage systématique des produits de santé. Cette situation critique a été exacerbée par les conflits armés et l’insécurité croissante, facilitant l’émergence de groupes armés qui ciblent les dépôts médicaux, les cliniques, et les convois humanitaires. Ces attaques compromettent gravement l’accès aux soins pour les populations les plus vulnérables.
Le rapport de juillet 2024 publié par Insecurity Insight, intitulé « Pillage des produits de santé au Sahel : Prévention, atténuation et réponses efficaces », met en lumière des chiffres alarmants. En 2023, 28 incidents de pillage ont été recensés dans les trois pays du Sahel : le Burkina Faso, le Mali et le Niger.
Au Burkina Faso, 20 incidents de pillage ont été enregistrés, principalement dans les régions frontalières. Au Niger, 5 incidents ont été signalés, principalement dans la région de Tillabéri (ouest), tandis que le Mali a rapporté 3 incidents, concentrés dans les régions de Gao (nord) et de Mopti (centre). Les acteurs impliqués dans ces pillages incluent des groupes armés tels que le Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM), affilié à Al-Qaida au Maghreb islamique; l’État islamique au Sahel, ainsi que des éléments des Forces armées maliennes (FAMa) associés à leurs partenaires russes.
Selon le rapport, ces actes de violence ont des conséquences dévastatrices pour les populations locales. Le document souligne que « le manque de médicaments essentiels a exacerbé une crise sanitaire déjà alarmante, mettant en péril la vie de milliers de personnes ». En effet, les infrastructures de santé, déjà limitées, ne peuvent plus répondre aux besoins urgents des populations. Au Niger, où 5 % des unités de prestation de services de santé sont partiellement ou totalement inaccessibles, 16 % d’entre elles signalent un manque de fournitures médicales, un phénomène aggravé par les pillages. Au Mali, les zones sous contrôle de groupes armés non étatiques, notamment à Tombouctou, souffrent de pénuries de médicaments en raison de ces attaques.
Le rapport de Insecurity Insight indique également que les groupes armés utilisent les produits volés pour financer leurs activités, alimentant ainsi un cercle vicieux d’insécurité et de privation. Privés de médicaments essentiels, les hôpitaux et centres de santé sont incapables de traiter des maladies courantes telles que le paludisme, la pneumonie et la diarrhée, ce qui entraîne une augmentation des taux de mortalité. « Les conséquences sont désastreuses, en particulier pour les femmes enceintes, les enfants et les personnes âgées », avertit le rapport.
Face à l’ampleur de cette menace, les gouvernements des pays touchés ont tenté de renforcer la sécurité autour des dépôts médicaux. Cependant, ces efforts se révèlent insuffisants. Le rapport appelle à une intensification de la réponse internationale pour soutenir ces pays dans la protection des infrastructures de santé et l’acheminement des produits médicaux. « La réponse internationale doit être intensifiée pour soutenir ces pays dans la protection des infrastructures de santé et l’acheminement des produits médicaux », insiste Insecurity Insight.
Enfin, le rapport exhorte la communauté internationale à coordonner ses actions pour renforcer les chaînes d’approvisionnement médicales et améliorer la résilience des systèmes de santé locaux. « La survie de millions de personnes dépend de notre capacité à agir rapidement et efficacement », conclut Insecurity Insight dans son rapport de juillet 2024.
AC/APA