En visite au Mali ce lundi, le Premier ministre du Sénégal a passé en revue « sans filtre », avec les autorités, les principaux axes de coopération entre les deux pays. Il les a rassurées quant aux défis sécuritaires.
Le lundi 12 août, le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, s’est rendu au Mali pour une visite d’amitié et de travail, après avoir assisté la veille à la prestation de serment de Paul Kagame au Rwanda. Cette visite se déroule dans un contexte régional tendu, marqué par des divergences politiques et des défis sécuritaires.
Ousmane Sonko a été accueilli par son homologue malien, Choguel Maïga, avant de s’entretenir avec le président Assimi Goïta. Après avoir présenté ses condoléances au peuple malien pour la mort de leurs soldats sur le « champ de bataille», faisant référence aux affrontements à Tinzaouatène du 25 au 27 juillet, Il a qualifié ces discussions de « très instructives », permettant d’aborder « toutes les questions actuelles » dans un esprit fraternel.
Interpellé sur un supposé changement de position du Sénégal vis-à-vis de l’Alliance des États du Sahel (AES) créée en septembre par le Mali, le Burkina et le Niger pour faire face aux défis communs de sécurité, Sonko a mis au défi quiconque de trouver « une seule déclaration antérieure qui diffère de celles que je fais aujourd’hui. » Il a rappelé son opposition passée à l’embargo imposé au Mali après le coup d’État d’août 2020 contre Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). « Je continue à le dénoncer, et comme je l’ai dit, sous notre régime, ces pratiques ne pourront jamais prospérer. Personne ne passera par le Sénégal pour déstabiliser le Mali ou tout autre pays frère, ni pour lui imposer de telles sanctions. Cela n’a pas changé et ne changera pas », a-t-il réaffirmé.
Sonko a également réitéré sa dénonciation des projets d’intervention au Niger par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) suite au renversement du régime de Mohamed Bazoum en juillet 2023.
Le Premier ministre sénégalais a insisté sur l’importance du respect de la souveraineté de chaque pays.
Reconnaissant les erreurs passées de la Cédéao, il a plaidé pour l’unité, soulignant qu’il est essentiel de « rester dans des cadres solides plutôt que de nous diviser. »
Sonko a mis l’accent sur la nécessité de surmonter les divergences, déclarant que « tout panafricaniste doit avoir pour unique objectif de rassembler les Africains au-delà de nos différends. » Il a évoqué l’exemple européen pour montrer qu’une réconciliation après des conflits majeurs est possible.
Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont annoncé en janvier dernier leur retrait de la Cédéao, accusée d’être « instrumentalisée » par des puissances étrangères. Ces trois pays, désormais regroupés au sein de la Confédération de l’Alliance des États du Sahel (AES), ont réaffirmé, par la voix de leurs dirigeants, leur volonté de rompre définitivement avec l’organisation communautaire, bien que le Sénégal, dont le président Bassirou Diomaye Faye a été désigné « facilitateur » dans cette crise, ne désespère pas de rapprocher les deux parties.
Concernant les relations bilatérales, le Premier ministre sénégalais a assuré que les choix souverains du Mali ne changeraient « absolument rien à nos relations, qui sont séculaires et fraternelles. »
Il a salué l’ouverture du président Goïta et les recommandations communes, notamment sur la question du terrorisme.
Pour finir, Ousmane Sonko a réaffirmé la volonté de maintenir des liens forts entre le Sénégal et le Mali « en accord avec les réalités géographiques, historiques, économiques et sociales qui nous imposent d’être deux nations très unies et de continuer à coopérer à tous les niveaux. »
AC/Sf/APA