Des responsables de haut niveau de l’Onu ont tiré la sonnette d’alarme sur les risques majeurs que représentent les décisions de fermeture ou de réduction des missions de maintien de la paix et des missions politiques spéciales, notamment pour la protection des droits et de la sécurité des femmes dans les zones de conflit.
Alors que les conflits armés persistent dans de nombreuses régions du monde, la communauté internationale se trouve face à un dilemme de taille : le retrait des missions de maintien de la paix et des missions politiques spéciales de l’Onu. Malheureusement, ce processus risque d’avoir des conséquences désastreuses pour la protection des droits et de la sécurité des femmes dans ces zones de crise, alertent des experts onusiens.
Des hauts responsables de l’Onu ont tiré la sonnette d’alarme, appelant à une prise de conscience urgente et à des mesures concrètes pour préserver les acquis durablement gagnés en matière d’égalité des sexes et de participation des femmes aux processus de paix.
Sima Bahous, Directrice exécutive d’Onu-Femmes, a ainsi souligné que « malgré une augmentation des conflits et de l’insécurité, le nombre de personnels de maintien de la paix déployés a diminué de près de moitié, passant de 121 000 en 2016 à environ 71 000 en 2024. »
Cette baisse drastique du personnel onusien sur le terrain a des conséquences désastreuses, en particulier pour les femmes et les filles, relève la note parvenue ce jeudi à APA.
Martha Pobee, Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique, a mis en garde contre les risques d’une transition accélérée des missions de l’Onu, avertissant que « si les transitions ne sont pas bien structurées, dotées de ressources adéquates et tenant compte des questions de genre, les femmes et les filles risquent de subir des revers, notamment en perdant l’accès aux services essentiels, en étant exclues des processus décisionnels et en devenant vulnérables à de nouvelles violences. »
Haïti et le Mali comme exemples
Les exemples d’Haïti et du Mali illustrent ces craintes. En Haïti, le départ de la mission de maintien de la paix de l’Onu en 2019 a été suivi d’une flambée des violences sexuelles, avec près de 5 000 cas de violation signalés en 2023, souligne le communiqué.
Au Mali, le retrait accéléré de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation (Minusma) a eu un impact négatif sur les programmes de consolidation de la paix axés sur les femmes et les filles, poursuit le document.
Partant de ces constats, Sima Bahous a appelé le Conseil de sécurité à prendre des mesures urgentes pour protéger les acquis en matière d’égalité des sexes lors des transitions, notamment en veillant à la participation des femmes au financement adéquat des initiatives en faveur de la paix et de la sécurité.
« Nous craignons un avenir marqué par une augmentation des atrocités contre les femmes, leur marginalisation toujours plus grande dans la prise de décision et, en fin de compte, un échec de la communauté internationale », a-t-elle averti, exhortant la communauté internationale à agir pour éviter ce scénario catastrophique.
ARD/Sf/ac/APA