Dans un nouveau rapport, l’Institut d’études de sécurité (ISS, sigle anglais) recommande à la Cédéao de renforcer ses actions de médiation, non seulement auprès des pays en transition, mais aussi des États membres dont les positions ont affaibli l’organisation afin de faire face à la vague de coups d’État qui secoue l’Afrique de l’Ouest depuis 2020.
L’Institut d’études de sécurité (ISS) a publié ce vendredi 28 juin 2024 un rapport intitulé « Repenser la gestion des changements anticonstitutionnels de gouvernement en Afrique de l’Ouest ». Ce document fait une analyse approfondie de la situation politique complexe dans la région, où six changements anticonstitutionnels de gouvernement ont eu lieu depuis 2020,au Mali, en Guinée, au Burkina Faso et au Niger.
Le rapport souligne notamment que la simple notion de « contagion des coups d’État » est insuffisante pour comprendre les dynamiques sous-jacentes à chaque situation. Il rappelle que ces pays ont déjà connu des transitions militaires il y a une décennie, avec un retour au pouvoir civil après environ 17 mois en moyenne.
Un constat alarmant du rapport est l’inefficacité apparente des pressions exercées par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), l’Union africaine, les Nations unies et les partenaires internationaux sur les auteurs des coups d’État actuels. Ces derniers semblent résister aux appels pour des transitions courtes et dirigées par des civils, note le document.
Le contexte régional est marqué par un certain soutien populaire aux régimes militaires, l’absence de réponses efficaces aux défis sécuritaires, et une perte d’influence des partenaires occidentaux face à une compétition géopolitique accrue, notamment avec la Russie.
Face à cette situation, l’ISS formule plusieurs recommandations clés. Pour l’institut, la Cédéao doit intensifier ses efforts de médiation, non seulement auprès des pays en transition, mais aussi des États membres dont les positions ont affaibli l’organisation.
De même, une révision du Protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance est jugée nécessaire pour permettre une action plus efficace contre les manipulations constitutionnelles.
Le rapport appelle également les partenaires occidentaux à adapter leur approche en reconnaissant l’aspiration des peuples sahéliens à l’indépendance, dans leurs choix stratégiques, et à se concentrer sur des domaines civils prioritaires comme l’agriculture, la santé et l’éducation.
Quant aux autorités militaires, elles sont exhortées à mener des transitions véritablement inclusives, respectant les libertés fondamentales et repensant la gestion de la crise sécuritaire.
En conclusion, le rapport souligne que les prochains mois seront cruciaux pour l’avenir de la Cédéao. Malgré les critiques, l’organisation reste un acteur incontournable de l’intégration régionale et de la coopération sécuritaire. L’ISS insiste sur le fait que les défis actuels offrent une opportunité de réformer et renforcer l’institution pour mieux répondre aux enjeux complexes de la région.
ARD/te/Fs/APA