Le FPL a été créé en août 2023 après le renversement du président Mohamed Bazoum par des militaires le 26 juillet.
Un mouvement rebelle luttant pour la libération du président nigérien Mohamed Bazoum, renversé par un coup d’État en juillet et détenu depuis, a annoncé avoir mis « hors d’usage » dimanche « un important tronçon » de l’oléoduc acheminant du pétrole brut vers le Bénin.
« Dans la nuit du 16 juin le Front patriotique de libération (FPL) a mis en exécution sa menace en mettant hors d’usage un important tronçon du pipeline à titre de premier avertissement à la junte de Niamey », indique ce mouvement dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux daté de lundi et signé par son président, Mahamoud Sallah.
Cet oléoduc de près de 2 000 km doit acheminer le pétrole de l’Agadem (nord-est nigérien) vers le port de Sèmè-Kpodji au Bénin. Ce pétrole est essentiel pour les économies des deux pays, qui travaillent avec la China National Petroleum Corporation (CNPC) – société pétrolière appartenant à l’État chinois – et l’entreprise chinoise Wapco.
M. Sallah affirme qu’il souhaite l’annulation d’un « prêt de 400 millions de dollars promis aux putschistes de Niamey » par un « partenaire chinois ». « Faute de quoi toutes les installations pétrolières seront paralysées au cours des prochaines actions », a-t-il insisté.
Le FPL a été créé en août 2023 après le renversement du président Mohamed Bazoum par des militaires le 26 juillet, qui le détiennent.
Mahamoud Sallah avait alors déclaré avoir pris les armes pour demander « la libération » du président déchu, « le rétablissement de la légalité constitutionnelle » et avait menacé « de faire sauter des installations » notamment « pétrolières » dans l’Agadem.
Le pipeline est également menacé par d’autres violences.
Le 12 juin, six soldats nigériens d’une unité chargée de surveiller l’oléoduc ont été tués lors d’une attaque de « bandits armés » dans le sud, selon l’armée nigérienne, la toute première de ce genre contre ce pipeline.
En outre, les relations entre le Bénin et le Niger, tendues depuis le coup d’État, se sont envenimées ces dernières semaines.
Après plusieurs mois sous sanctions régionales, le Niger refuse toujours de rouvrir sa frontière avec le Bénin. Le régime militaire accuse son voisin d’abriter « des bases françaises » dans sa partie nord pour « entraîner des terroristes » qui voudraient déstabiliser le Niger, ce que la France comme le Bénin nient.
Or, le président béninois Patrice Talon fait de cette ouverture une condition pour charger le pétrole.
Lundi, la justice béninoise a condamné à 18 mois de prison avec sursis trois ressortissants nigériens, arrêtés avec deux autres personnes la semaine dernière au port de Sèmè-Kpodji. Ils ont été condamnés pour « usurpation de titre et usages de données informatiques falsifiées ».
Après ces arrestations, le régime militaire nigérien avait coupé les vannes de l’oléoduc.