Le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a réaffirmé le retrait « immédiat et irréversible » du Mali, du Niger et du Burkina Faso de la Cédéao, dénonçant les influences extérieures et les sanctions imposées par des puissances étrangères, notamment Paris, qui minent la souveraineté des États africains.
Lors d’un panel le 2 juin à Bamako, dans le cadre de la troisième édition du Salon des Médias, tenue à Bamako, le ministre Diop a critiqué les ingérences extérieures dans les organisations régionales africaines, appelant à un leadership africain authentique pour ces entités.
Lors de son intervention, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop a abordé plusieurs aspects du retrait du Mali, du Niger et du Burkina Faso de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), une décision prise fin janvier 2024. Il a fermement qualifié ce retrait de « immédiat et irréversible », précisant que le point de rupture avait été atteint entre l’Alliance des États Sahéliens (AES) et l’institution régionale.
Ces propos interviennent quelques jours après la visite du président sénégalais Bassirou Diomaye Faye à Bamako et Ouagadougou, une visite qui visait à convaincre les dirigeants de ces pays de réintégrer la Cédéao. Ce, même si le président sénégalais a tenu à préciser qu’il n’était mandaté ni par l’organisation communautaire ni par une autre entité pour cette mission.
Le ministre Diop a exprimé une critique acerbe des « ingérences extérieures » dans les organisations régionales africaines. Il a souligné la nécessité de « transformer ces organisations pour qu’elles reflètent les besoins et les préoccupations des peuples africains », et qu’elles soient dirigées par des leaderships véritablement africains.
« Je voudrais m’exprimer sur un point qui touche un peu peut-être à ce qu’on va discuter par rapport à l’AES, c’est de dire qu’il faut que nous transformions nos organisations régionales pour que ces organisations régionales soient le reflet de nos besoins, de nos préoccupations, et que nos organisations soient pilotées par des leaderships véritablement africains, que ces organisations ne soient pas télécommandées de l’extérieur, ne soient pas sujets à une ingérence extérieure » a-t-il déclaré.
Influence de Paris et sanctions imposées
Le ministre Diop a particulièrement dénoncé la « télécommande extérieure », citant Paris comme exemple. Avant de décrire les sanctions imposées aux pays membres comme preuve de cette ingérence. « Nos pays ont été sanctionnés parce que la télécommande était à Paris ou ailleurs. Je pense qu’on ne peut pas être dans des organisations qu’on ne contrôle pas. On ne peut pas abandonner une partie de sa souveraineté à une organisation et que cette partie de la souveraineté soit utilisée comme une arme contre nous » a-t-il affirmé.
Le ministre a également critiqué le rôle des banques centrales et des traités des organisations régionales, qui, selon lui, sont souvent utilisés comme « outils de coercition » contre les États membres. « On met nos sous à une banque centrale, demain la banque centrale devient une arme qu’on utilise contre toi. Tu adhères au traité d’une organisation, demain on utilise ce traité pour fermer tes frontières. On n’utilise même pas de traité, parce qu’en fait c’est souvent un club. Un ou deux dirigeants décident qu’on va fermer la frontière au Mali et d’une capitale extérieure, quelqu’un décide que le Mali doit être sanctionné et le Mali est sanctionné » a-t-il expliqué.
M. Diop a poursuivi son intervention en réaffirmant la nécessité de préserver la souveraineté des États africains et de reconsidérer leur adhésion à des organisations qu’ils ne contrôlent pas. « Nous avons adhéré à ces organisations en tant qu’État souverain. Je l’ai dit dans le passé, le Mali et d’autres pays, le Burkina, le Niger, le Tchad ou d’autres, mais c’est nous qui avons créé ces organisations. Elles n’ont pas créé nos pays qui sont des pays éternels » a-t-il rappelé.
Le ministre a appelé à un renouveau des leaderships africains dans les organisations internationales, insistant sur le fait que ces organisations doivent être dirigées par les Africains eux-mêmes. « Il faut un leadership africain de nos organisations internationales » a-t-il insisté, soulignant l’importance de cette autonomie pour le futur des États membres de l’AES et au-delà.
MD/ac/APA