En Afrique subsaharienne, les jeunes sont « innovants » et « travailleurs » malgré les obstacles à la recherche d’emploi, ont affirmé des chercheurs africains.
En Afrique, le vocabulaire des médias et organisations occidentaux est parfois péjoratif pour qualifier le présent et l’avenir des jeunes. Les stéréotypes dominants les décrivent comme « négligents, paresseux et peu enclins à prendre leur vie en main » alors que la réalité est tout autre d’après une étude du Partenariat pour la recherche sociale et la gouvernance en Afrique (PASGR) présentée mercredi 29 mai à Dakar.
Réalisée par des chercheurs du Consortium pour la recherche économique et sociale (Cres) en partenariat avec la Fondation Mastercard, l’étude a été menée en 2021 dans sept pays du continent, des pays anglophones pour la plupart (Kenya, Rwanda, Ouganda, Éthiopie, Ghana, Nigeria) et le Sénégal. Son objectif était de « déterminer la résilience des jeunes et recueillir leurs aspirations » après la période difficile de la pandémie de Covid-19. Elle a permis de constater que les jeunes sénégalais, hommes et femmes, ont une « forte aspiration » à la formation et à l’entreprenariat.
Les chercheurs trouvent que « les jeunes hommes souhaitent travailler dans des secteurs diversifiés alors que les femmes s’orientent principalement vers le commerce ». La plupart des jeunes interrogés estiment également que « l’argent et la formation demeurent les principaux besoins pour atteindre une vie réussie ». En revanche, « peu de jeunes connaissent les structures de l’Etat en charge de la promotion de l’emploi des jeunes », relève l’équipe de Mamadou Abdoulaye Diallo et Jim Kaketch, parmi les auteurs principaux de l’étude.
Responsable de recherches au PASGR, James Ochieng a souligné au cours de l’atelier, présenté selon le modèle « Utafiti Sera », qui veut dire relier les données probantes aux politiques et programmes en langue swahili, les « énormes défis » que les pays africains devaient relever pour vaincre le chômage. « Nous avons besoin de nous unir, de mener des efforts collectifs pour venir à bout de ce problème », a-t-il indiqué avant de demander un investissement massif sur la jeunesse et l’implication du « secteur privé » dans la lutte contre le chômage.
En adoptant une recherche participative menée par des jeunes, l’étude a montré qu’au Sénégal, avec l’apparition de la pandémie, les jeunes ont dû faire face à diverses difficultés, notamment avec des mesures de confinement entraînant la fermeture des écoles, des réductions de salaire, une augmentation du coût de la vie et la perte d’un emploi. Prenant part à l’atelier, le représentant du ministère sénégalais de la Jeunesse note que l’approche du PASGR « entre en droite ligne » avec la politique des nouvelles autorités.
Représentant plus de 70% de la population, « la jeunesse du Sénégal est une force vive du pays » et le ministère de la Jeunesse s’est fixé comme principales missions de mettre en place des mécanismes pour « promouvoir l’entreprenariat des jeunes » ou leur offrir « des emplois décents ». Dans cette optique, l’officiel sénégalais a souligné que « les solutions africaines » étaient les bienvenues.
ODL/ac/APA