Depuis l’exil, Guillaume Soro, ancien Premier ministre ivoirien, pleure feu le président Henri Konan Bédié, son « parrain », dans « un message d’hommage et de reconnaissance ».
« Chère Maman, c’est avec une profonde émotion que je prends ma plume pour vous adresser cette lettre en ces moments difficiles, suite au décès de votre époux bien-aimé, l’ancien Président Henri Konan Bédié, mon parrain », écrit Guillaume Soro.
Sa disparition, dit-t-il, aussi « inattendue que soudaine, représente une perte immense pour la Côte d’Ivoire, mais aussi pour vous, qui avez su être une épouse modèle et une figure exemplaire à ses côtés tout au long de vos 66 années de mariage ».
Il souligne qu’en lui adressant cette lettre, son objectif est d’une part, saluer ses « innombrables qualités d’épouse modèle et amplifier la diffusion des leçons d’une vie de famille réussie » qu’elle lègue à la nouvelle génération ; et d’autre part, traduire sa reconnaissance pour ses « marques d’humanisme ».
« Votre histoire avec le président Bédié est une véritable leçon d’amour et de dévouement. À l’âge de 19 ans, vous avez dit « oui » à cet homme qui deviendra le président de la République », rappelle-t-il, évoquant l’accompagnant à chaque étape de sa vie et partageant avec lui les hauts et les bas.
« Vous avez tout quitté pour le suivre, des bancs d’étudiants à Poitiers jusqu’aux fonctions prestigieuses d’ambassadeur aux États-Unis et de ministre de l’Économie, sans oublier ses mandats en tant que député, maire, président de l’Assemblée nationale et président de la République », ajoute-t-il.
Selon Guillaume Soro, la force de son amour a été mise à l’épreuve lorsque l’ex-chef d’Etat a été renversé par un coup d’État militaire, en 1999, ce qui l’avait contraint à le suivre sur le chemin de l’exil. Toutefois, ont-ils pu surmonter les obstacles, revenant main dans la main, au pays.
L’ex-Premier ministre soutient qu’il n’y avait « rien de surprenant » au regard de leur « affection réciproque si visibles et si touchants », au point de feu le président Henri Konan Bédié la chérissait en public en l’appelant affectueusement « ma douce colombe » ou « ma biche royale ».
« Malgré les tracas et fracas de la vie politique, vous avez trouvé les ressources physiques, psychologiques et morales pour mener le combat de la promotion du bien-être de vos concitoyens à travers la Fondation Servir », poursuit-il.
« Je me permets également de témoigner de votre bienveillance envers moi. Lorsque j’ai démissionné de la présidence de l’Assemblée nationale, vous m’avez ouvert vos bras et votre cœur. Vous m’avez offert des sacs de riz pour me nourrir et m’avez assuré que j’aurais toujours un toit et une place à votre table », s’en souvient-il.
« Votre générosité et votre affection de mère m’ont profondément touché », mentionne la lettre dans laquelle Guillaume Soro salue son « parcours exceptionnel aux côtés du président Henri Konan Bédié (qui) restera un exemple pour les générations futures ».
« Vous avez été un pilier de stabilité et de détermination pour lui, ainsi que pour tous ceux qui ont eu la chance de vous connaître. Votre contribution à la Côte d’Ivoire et votre engagement envers le bien-être des autres sont admirables », insiste-t-il.
En cette période de deuil, Guillaume Soro qui lui adresse à nouveau ses plus sincères condoléances, déclare que « Dieu sait à quel point j’aurais voulu être à vos côtés pour traverser avec vous ces durs moments de chagrin ».
« Le président Bédié, qui n’a jamais mesuré son affection, tenait à ce que je sois présent, près de son cercueil à côté des siens, le jour où il quitterait la terre des hommes. Les circonstances de la vie et le destin qui m’est imposé m’empêchent de réaliser ce vœu si cher à nous deux », conclut-il.
Un vibrant hommage a été rendu, ce vendredi 24 mai 2024, à feu Henri Konan Bédié, ex-chef d’Etat, décédé le 1er août 2023, en présence de nombreuses personnalités dont Alassane Ouattara et l’ancien président Laurent Gbagbo. Son inhumation est prévue le 1er juin 2024 à Daoukro (Est), sa ville natale.
AP/APA