Les nations participant à la Coupe d’Afrique des nations (Can) de football sont de plus en plus exigeantes. La 34e édition, organisée en Côte d’Ivoire du 13 janvier au 11 février 2024, a confirmé l’obligation de résultats pesant sur les entraîneurs engagés dans la compétition. La Can, un broyeur de sélectionneurs. [1/3]
« L’important, c’est de participer ». Cette citation du Baron Pierre de Coubertin, le père des Jeux Olympiques (JO) modernes, ne s’applique plus à la grand-messe biennale du football africain. Ouverte à 24 sélections depuis 2019, la Coupe d’Afrique des nations (Can) est devenue un tournoi dans lequel les coachs paient cash leurs erreurs.
Rigobert Song dans la sauce
« Il a beaucoup apporté à cette équipe, mais nous n’avons pas atteint nos objectifs ». C’est en ces termes que Samuel Eto’o, le président de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot), a annoncé la non-reconduction de Rigobert Song à la tête des Lions indomptables.
Le Cameroun, cinq fois vainqueur de la Can, n’a pas tenu son rang en terre ivoirienne. Logés dans le groupe C, André-Franck Zambo Anguissa et ses coéquipiers ont été neutralisés par la Guinée (1-1), dominés par le Sénégal (1-3) avant d’arracher la victoire contre la Gambie (3-2). En huitièmes de finale, les Lions indomptables ont été surclassés par les Super Eagles du Nigeria (0-2).
Après l’échec au premier tour de la Coupe du monde 2022 malgré la victoire de prestige contre le Brésil (1-0), cette nouvelle élimination a été fatale à Rigobert Song, le recordman de sélections en équipe nationale du Cameroun (137 matchs).
Son contrat, ayant expiré le 28 février 2024, n’a finalement pas été renouvelé. « J’ai eu l’occasion d’en discuter avec lui. J’ai donné nos positions. Maintenant, tout en lui souhaitant plein de succès dans sa future carrière, il faut penser à l’avenir », a expliqué son ancien partenaire Samuel Eto’o. En 23 rencontres sur le banc des Lions indomptables, le bilan de Song, nommé en février 2022, est de 6 succès, 8 nuls et 9 défaites.
La symphonie inachevée de Tom Saintfiet
Pour le technicien belge, l’aventure à la tête des Scorpions est terminée. « C’est mon dernier match comme sélectionneur de la Gambie. Mon contrat court jusqu’en août 2026, mais il est temps pour moi de partir », a déclaré Tom Saintfiet après le revers sur le fil face au Cameroun (2-3) lors de la 3e journée de la Can 2023.
« Merci pour votre service patron. En fin de compte, il manquera à la Gambie un grand tacticien. Cinq ans et demi de services incroyables rendus à notre nation, nous qualifier pour deux Can consécutives n’était pas un hasard », a réagi à la nouvelle la Fédération Gambienne de Football (FGF).
Arrivé en 2018, Saintfiet a mené les Scorpions en quarts de finale de la Can 2021. Pour sa première participation à la joute, la Gambie a récolté sept points aux prises de la Mauritanie, du Mali et de la Tunisie. Dans la phase à élimination directe, elle a surpris la Guinée (1-0) avant de déposer les armes au terme d’une rude bataille face au Cameroun (0-2).
Pour entrer un peu plus dans l’Histoire, la Gambie a composté son ticket pour une deuxième Can d’affilée. Mais le capitaine Omar Colley et ses partenaires ne sont pas arrivés dans les meilleures conditions en Côte d’Ivoire : grève des joueurs en raison de primes de qualification impayées et drame évité de justesse durant le vol affrété pour transporter la délégation officielle.
« À l’atterrissage (à Banjul, après neuf minutes à bord, NDLR), les investigations préliminaires ont indiqué qu’il y avait eu une perte de pression dans la cabine et d’oxygène », a précisé la Fédération Gambienne de Football (FGF). Le coach de 50 ans n’a certainement pas apprécié tous ces évènements.
José Peseiro, un départ acté d’avance
Incapable de s’imposer contre le Lesotho et le Zimbabwe lors des deux premières journées des éliminatoires de la Coupe du monde 2026, le technicien portugais a dû s’engager à gagner la Can 2023 pour rester sur le banc du Nigeria.
« Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre. Nous avons soif de victoires. Si nous avions l’argent, nous serions prêts à démettre Peseiro de ses fonctions. Nous ne sommes pas satisfaits », a déclaré John Owan Enoh, ministre nigérian du Développement des Sports, au sortir d’une réunion avec l’entraîneur de 63 ans avant le coup d’envoi de la compétition.
Piqué au vif, José Peseiro a insufflé aux Super Eagles un nouvel état d’esprit. En Côte d’Ivoire, il est passé à une défense à trois axiaux avec Calvin Bassey, William Troost-Ekong et Semi Ajayi. Un changement tactique ayant porté ses fruits car le Nigeria a atteint la finale en ne perdant aucune rencontre et en n’encaissant que deux buts.
Entre le premier match face à la Guinée équatoriale et la demi-finale remportée aux tirs au but contre l’Afrique du Sud, les Super Eagles ont enchaîné quatre clean sheets. Opposé en finale au pays hôte, qu’il a battu au premier tour (0 – 1), le Nigeria s’est incliné deux à un après avoir ouvert le score grâce à son capitaine Troost-Ekong.
Peu en réussite devant les buts, la star Victor Osimhen n’a pas été avare d’efforts en attaque comme en défense. Nonobstant ce reverdissement, Peseiro n’a pas été reconduit à la fin de son bail paraphé en 2022.
« Hier, nous avons terminé notre contrat avec la NFF (Fédération Nigériane de Football). C’était une fierté et un honneur de coacher les Super Eagles. Cela a été 22 mois d’immense dévouement, de sacrifices, d’émotion et d’énorme enthousiasme. Nous ressentons un sentiment d’épanouissement », a écrit le 1er mars 2024 sur X (ex-Twitter) l’ancien entraîneur du Sporting Portugal.
La débâcle signée Chris Hughton
« Chris Hughton a été relevé de ses fonctions d’entraîneur de l’équipe nationale senior avec effet immédiat », a annoncé la Fédération Ghanéenne de Football (FGF) le 24 janvier 2024, soit deux jours après l’élimination des Black Stars au premier tour.
Sorti à ce stade de la Can deux ans plus tôt au Cameroun, le Ghana ne pouvait se résigner à sa destinée. Cette grande nation du foot continental a, sans surprise, décidé de virer son sélectionneur irlandais de 65 ans.
L’ex-manager de Newcastle, Birmingham, Norwich, Brighton ou encore Nottingham Forest n’a rien maîtrisé. Sous sa férule, Richard Ofori et compagnie ont été surpris par le Cap Vert (1-2). Dos au mur, les Black Stars auraient pu se relancer en venant à bout de l’Égypte à l’occasion de la 2e journée, mais ont offert à deux reprises l’égalisation aux Pharaons pour concéder le nul (2-2).
En dépit de cet accroc, un triomphe face au Mozambique aurait ouvert au Ghana les portes des huitièmes de finale. C’était bien engagé avec les deux pions sur pénalty de Jordan Ayew (15’ et 70’). Au final, les Black Stars se sont encore sabordés en prenant, dans le temps additionnel, deux buts : un sur un pénalty à la suite d’une main d’André Ayew et un autre sur un corner bêtement causé par le gardien Ofori.
ID/ac/APA