Seuls l’actuel Premier ministre Amadou Ba et son prédécesseur Mahammad Boun Abdallah Dionne, parmi les 19 candidats au scrutin initialement prévu le 25 février 2024, ont répondu à l’appel de Macky Sall.
Jeudi dernier, au cours d’une interview accordée à quatre médias locaux, le président sortant s’était montré très confiant quant à la participation de tous les candidats retenus par le Conseil constitutionnel au dialogue national qu’il a appelé de ses vœux.
Au final, 17 des 19 candidats en lice ont refusé la main tendue de Macky Sall. Réunis au sein du Front des candidats à l’élection présidentielle (FC25), 16 d’entre eux, par l’intermédiaire d’El Hadj Mamadou Diao, ont saisi ce lundi le Conseil constitutionnel d’une « requête aux fins de constater et de remédier à la carence du président de la République qui s’abstient de fixer la date de l’élection présidentielle en refusant ainsi de donner plein effet à la décision du Conseil constitutionnel n°1/C/2024 du 15 février 2024 ».
Une initiative du même genre a été prise par Aar Sunu Élection (Protéger notre élection, en langue wolof), un collectif d’organisations citoyennes et socioprofessionnelles, de religieux et de personnalités indépendantes pour le respect du calendrier républicain.
Même s’il ne fait pas partie du FC25, Idrissa Seck, chef de file de Rewmi (Le pays, en langue wolof), n’a pas non plus assisté au dialogue. « Après son enregistrement à la Radiodiffusion Télévision Sénégalaise (RTS, publique) le vendredi 2 février 2024, à l’avant-veille du démarrage de la campagne électorale, de manière audible, il avait déjà clarifié sa position sur la situation politico-sociale du Sénégal. Le dialogue pour la réconciliation nationale et pour l’apaisement des cœurs, avait-il dit, doit être le premier chantier du prochain président élu. Ce qui signifie, en termes clairs, que cela ne peut et ne doit être, celui du président Macky Sall, dont le mandat expire inévitablement le 2 avril 2024. Le président Idrissa Seck, qui met toujours en avant l’intérêt supérieur de la nation, ne sera pas présent à ce soi-disant dialogue pour cautionner un éventuel coup d’État constitutionnel savamment orchestré par un président en fin de règne, et à qui, le peuple a fini de tout donner », a écrit aujourd’hui As Babacar Guèye, mandataire du candidat Idrissa Seck.
Poursuivant, le candidat de la coalition Dionne 2024 a réitéré son souhait de voir le processus électoral se poursuivre au nom du respect du principe des droits acquis : « Je pense qu’il est important que ceux dont les candidatures ont été validées par le Conseil constitutionnel puissent continuer dans le processus. C’est peut-être ce manque de précision qui a fait qu’aujourd’hui vous n’êtes pas avec les autres candidats. Si la chose avait été bien précisée, je pense que le consensus serait déjà obtenu. Cela ne veut pas dire que tout doit être fermé. Il y a aussi certainement des ouvertures possibles. C’est le dialogue qui devra assister le chef de l’État sur les propositions à bâtir et à soumettre au Conseil constitutionnel. S’il y a reprise du processus, il y a de manière inéluctable rupture du principe juridique des droits acquis qui établit la sécurité juridique et la non-rétroactivité des actes administratifs ».
À la suite de Mahammad Boun Abdallah Dionne, Amadou Ba a pris la parole. « Monsieur le président de la République, j’aurais souhaité peut-être me passer de cette épreuve. J’ai eu le privilège d’être le candidat de Benno Bokk Yakaar (Unis par le même espoir, en langue wolof) qui demain pourra prévaloir la position de la majorité présidentielle sur les questions que vous avez soulevées. Je ne peux pas m’empêcher de dire que j’ai également le privilège d’être votre Premier ministre, d’avoir la possibilité d’échanger avec vous quotidiennement sur la politique, l’économie et toutes les questions concernant le pays. Je peux témoigner que vous tenez au respect des institutions de la République et à leur bonne marche », a soutenu l’ex-ministre de l’Économie et des Finances.
Concluant son propos, M. Ba a apporté un soutien sans faille à Macky Sall dans sa volonté de pacifier l’espace public. « Nous devons dialoguer. Je suis un partisan acharné du dialogue et de la paix. Nous devons aller vite à l’élection dans le respect des institutions et dans la paix. La paix n’a pas de prix. Nous devons tous pouvoir échanger entre Sénégalais, discuter dans le respect des institutions, des lois et règlements. Nous devons trouver, tenant compte du contexte, la formule la plus appropriée pour aller à l’élection dans la paix », a suggéré l’ancien ministre des Affaires étrangères.
ID/ac/APA