L’ancien chef de l’Etat s’est exprimé par le biais de son avocat pour démentir les accusations de l’ambassadeur français expulsé du Niger sur sa supposée implication dans le coup d’Etat du 26 juillet 2023.
Mahamadou Issoufou s’est estimé diffamé par Sylvain Itté, ambassadeur de France au Niger. Auditionné le 29 novembre dernier par la commission de la défense nationale et des forces armées du parlement français, deux mois après son expulsion par les nouvelles autorités militaires, avec à leur tête le général Abdourahamane Tiani, chef de la garde prétorienne sous les deux ex-présidents, le diplomate a expliqué que le président Issoufou (2011-2021) a joué un « rôle trouble » dans le renversement de son successeur, Mohamed Bazoum.
« Ce coup d’État est dû à un paramètre que personne ne pouvait imaginer : l’implication directe de l’ancien président Issoufou, dont on peut avancer sans grand risque de se tromper qu’il a fomenté ou pour le moins accompagné le coup d’État contre son successeur », a déclaré M. Itté dans le compte-rendu d’une « audition à huis clos » du 29 novembre 2023 finalement diffusé sur le site de l’Assemblée nationale française.
Le diplomate y souligne que le putsch est motivé par des conflits d’intérêts liés au trafic du pétrole nigérien au sein du parti présidentiel, le PNDS-Tarayya, créé par M. Bazoum avec M. Issoufou. « Le jour du coup d’État devait se tenir un conseil des ministres pour créer une nouvelle société pétrolière dont le gouvernement nigérien aurait été majoritaire, et le président Bazoum avait refusé que le directeur général soit celui qui lui était proposé par le ministre du pétrole et qui n’était autre que le fils Issoufou (Sani Mahamadou Issoufou, ancien ministre du Pétrole) », raconte-t-il dans des propos qui ont vite fait réagir la défense de l’ancien président nigérien.
Son avocat, Me Illo Issoufou a tenté, dans un démenti rendu public mercredi 21 février à Niamey, démonte point par point les accusations de Sylvain Itté qui sont pour lui un « tissu de calomnie », assurant que « l’ancien président Issoufou n’est associé ni de près ni de loin au coup d’Etat du 26 juillet 2023 ».
Il estime que l’affirmation selon laquelle il serait de connivence avec l’actuel chef de la junte est « gratuite » et « vise simplement à infantiliser le général Tiani et ne saurait nullement rendre compte de son implication dans le coup d’Etat ».
« Pis, M. Sylvain Itté omet sciemment d’informer la commission que le fils d’Issoufou est actuellement en prison, ce qui constitue assurément pour lui une double peine », a souligné la défense de l’ancien président nigérien qui « a décidé de déposer plainte pour que justice lui soit rendue » au regard de « la gravité des faits allégués » par le diplomate français.
ODL/ac/APA