Lundi 22 décembre 2023, le président béninois a reçu les groupes parlementaires représentés à l’Assemblée nationale pour évoquer les débats sur la révision de la constitution et la modification du code électoral.
L’un après l’autre, Pratique Talon s’est entretenu avec les deux groupes parlementaires de la majorité au pouvoir et celui des opposants du parti Les Démocrates.
Dans la soirée de lundi, le président du groupe parlementaire de l’opposition, Nourénou Atchadé a animé une conférence de presse pour rendre compte des échanges avec le président Talon.
Selon le député, lors de la rencontre, Patrice Talon a clairement réaffirmé son engagement à ne pas modifier la loi fondamentale pour briguer un troisième mandat. M. Atchadé raconte que le Président a déclaré « qu’il n’a jamais demandé et qu’il ne demandera jamais la révision de la Constitution pour s’éterniser au pouvoir parce que c’est lui-même qui a fait inscrire dans le texte que nul, de sa vie, ne sera président pour plus de deux mandats ».
Le chef du groupe parlementaire Les Démocrates ajoute que M. Talon a indiqué qu’il compte quitter le pouvoir en 2026 en laissant le pays dans la paix comme il l’a trouvé en arrivant au pouvoir en 2016. D’après l’opposant rapportant toujours les propos du président, Patrice Talon se dit désormais engagé à travailler pour des élections inclusives en 2026, en concertation avec toute la classe politique.
Après avoir rassuré ses hôtes sur le débat autour de la modification de la Constitution, le président Talon a abordé avec eux, la révision du code électoral.
Dans leurs réponses au Chef de l’Etat, les représentants du parti Les Démocrates ont rappelé qu’ils ont toujours œuvré pour les concertations que le Président souhaite aujourd’hui. « Quand le Président de la République nous a donné la parole, nous avons marqué notre accord avec lui en ce qui concerne le consensus national. Nous avons rappelé qu’au niveau du parti Les Démocrates, nous avons longtemps chanté qu’il faut en toute chose, le consensus national. C’est peut-être que nous ne nous sommes pas compris parce que nous avons toujours parlé de dialogue. Nous lui avons dit que c’est cet aspect de la chose qu’on a toujours appelé dialogue national et que s’il veut, on peut l’appeler prochainement, concertations nationales », a rapporté Nourénou Atchadé. Il ajoute que l’opposition a expliqué au président que la révision du code électoral ne doit pas être un débat entre les seuls partis représentés au parlement. Pour le député Atchadé, cette question est l’affaire de toutes les formations politiques.
Dans une décision rendue le 04 janvier dernier, la Cour Constitutionnelle a ordonné au parlement de revoir certaines dispositions la loi électorale.
Débat autour des irrégularités notées dans le code électoral
La loi électorale béninoise a été adoptée en novembre 2019 et modifiée en juin 2020 par la huitième législature composée uniquement de députés des deux principaux partis politiques de la coalition au pouvoir, L’Union Progressiste le Renouveau et Le Bloc Républicain. Le texte comporte des incohérences que la Cour Constitutionnelle demande de corriger. Ces incohérences portent sur le parrainage des candidats à la présidentielle de 2026. Selon le code, tout prétendant doit recueillir les parrainages d’au moins l0% de l’ensemble des députés et des maires, soit 19 élus puisque le Bénin compte 109 députés et 77 maires.
Seulement, personne ne sait actuellement s’il faut aller chercher ces parrainages chez les élus des mandatures sortantes ou chez les nouveaux maires et députés.
En fait, selon le chronogramme des élections générales de 2026, les élections locales et législatives se tiennent avant la présidentielle et au moment du dépôt des dossiers de candidature, les tous nouveaux maires n’auront pas pris fonction et le nouveau parlement n’aura pas été encore installé.
Dans sa décision, la Cour constitutionnelle ordonne à l’Assemblée nationale de corriger cette irrégularité, mais l’opposition parlementaire n’est pas d’accord avec cette injonction. Le parti Les Démocrates invite à un dialogue national pour se pencher sur l’ensemble des anomalies qui plombent le système politique béninois. Elle rappelle qu’elle n’avait pas été associée à ces réformes opérées par le président Talon et sa coalition.
Dans la rencontre de lundi, Patrice Talon a voulu savoir si ses invités du parti Les Démocrates optaient pour les parrainages avec les anciens ou les nouveaux maires et députés. Ils ont répondu qu’ils n’avaient pas encore pris de décision sur la question. Les opposants ont promis en discuter dans les instances de leur parti sous la direction de leur chef, l’ancien président Boni Yayi.
RK/ac/APA