La signature du mémorandum d’accord entre l’Éthiopie et la Somaliland, région séparatiste de la Somalie, a provoqué l’ire de cette dernière.
Le lundi 1er janvier, le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, et le dirigeant du Somaliland, Muse Bihi Abdi, ont signé un accord permettant à l’Ethiopie d’accéder à la mer via un port de cette région séparatiste de la Somalie.
Un communiqué diffusé sur le réseau social X par les services de M. Ahmed explique que cet accord « ouvrira la voie à la réalisation de l’aspiration de l’Éthiopie à sécuriser son accès à la mer et à diversifier son accès aux ports maritimes ». La même source précise que cet accord « va renforcer également le partenariat sécuritaire, économique et politique », des deux entités signataires.
Cette signature a provoqué l’ire de Mogadiscio qui, comme toute la communauté internationale, ne reconnait pas l’existence de l’Etat du Somaliland.
Dans une réaction rendue publique ce jeudi, le président de la Commission de l’Union africaine, le Tchadien, Moussa Faki Mahamat, a souligné l’impératif de respecter l’unité, l’intégrité territoriale et la pleine souveraineté de tous les États membres de l’Union africaine, y compris la République fédérale de Somalie et la République fédérale démocratique d’Éthiopie.
« Le Président appelle au calme et au respect mutuel pour apaiser les tensions latentes entre les gouvernements de la République fédérale démocratique d’Éthiopie et de la République fédérale de Somalie. A cet égard, il exhorte les deux pays à s’abstenir de toute action qui pourrait involontairement conduire à une détérioration des bonnes relations entre les deux pays voisins d’Afrique de l’Est », lit-on dans la note.
Moussa Faki Mahamat a aussi relevé l’importance d’adhérer aux normes de bon voisinage pour promouvoir et consolider la paix, la sécurité et la stabilité dans la région de la Corne de l’Afrique.
Il a exhorté les deux pays frères à s’engager sans délai dans un processus de négociation pour régler leurs différends de la manière la plus constructive, pacifique et collaborative afin de consolider et d’approfondir leur coopération au service de la paix et de la sécurité dans la région.
Il a réaffirmé que l’Union africaine se tiendra fermement à leurs côtés pour encourager une solution africaine à cette nouvelle tension.
L’Éthiopie, deuxième pays le plus peuplé d’Afrique, ne dispose plus de port depuis l’indépendance de l’Érythrée en 1993, à l’issue d’un long conflit. Elle a bénéficié d’un accès à un port érythréen jusqu’à ce que les deux pays entrent en guerre en 1998-2000 et, depuis, Addis-Abeba fait passer la plupart de ses échanges commerciaux par Djibouti.
L’Ethiopie avait déjà acquis 19 % du port de Berbera en 2018, selon Dubaï Port World, une société qui gère les opérations de ce port du Somaliland. Elle en détient 51 %, et le Somaliland possède les 30 % restants.
Ancien territoire britannique, le Somaliland a unilatéralement déclaré en 1991 son indépendance de la Somalie, alors que ce pays plongeait dans un chaos dont il n’est toujours pas sorti. Le Somaliland dispose de ses propres institutions et bat monnaie. A ce jour, il compte 4,5 millions d’habitants.
ARD/ac/APA