Par Hicham Alaoui
Malgré une série d’accords récents entre les syndicats et le gouvernement, la crise éducative persiste au Maroc. Les enseignants, désillusionnés par le manque de résolution des problèmes structurels qui minent le secteur depuis une décennie, refusent de reprendre les cours, privant ainsi les élèves d’éducation depuis trois mois déjà, tout au long de l’année scolaire en cours.
La complexité de la situation réside dans l’émergence de diverses coordinations représentant différentes catégories d’enseignants, affirmant avec force qu’elles ne se sentent pas représentées par les syndicats signataires des accords gouvernementaux. Ces coordinations maintiennent leurs grèves, invalidant ainsi les accords conclus.
La capitale Rabat a été le théâtre d’une manifestation massive ce jeudi 4 janvier, réunissant la coordination nationale du secteur de l’éducation, la coordination unifiée du corps enseignant, les cadres de soutien au Maroc, ainsi que la coordination nationale du secteur de l’éducation et la coordination du secondaire qualifiant. Les enseignants ont exprimé leur colère tout au long de la marche, dénonçant l’échec de la gestion du dossier éducatif et le blocage sans précédent dans le secteur depuis l’approbation du statut unifié.
Les coordinations présentes ont annoncé le retrait de la confiance aux cinq syndicats impliqués dans le dialogue, rejetant également le processus de modification du statut unifié. Elles ont revendiqué leur droit à participer directement au dialogue, arguant que les syndicats ne représentent plus qu’eux-mêmes et ne reflètent pas l’opinion des acteurs éducatifs.
Selon Ayachi Tikerkra, membre du comité national de la coordination nationale du secteur de l’éducation, cette étape est décisive dans le rejet des accords qui ne répondent pas aux revendications essentielles du personnel éducatif. Plus de 40 dossiers n’ont pas été résolus, et le dialogue a délibérément ignoré ces questions cruciales.
De son côté, Zakaria Sabi, membre du Conseil national de la coordination nationale des professeurs de l’enseignement secondaire qualifiant, a estimé que les résultats du dialogue n’étaient pas satisfaisants et qu’ils excluaient délibérément les acteurs principaux, à savoir les coordinations.
Cette nouvelle escalade montre que le corps enseignant reste déterminé à faire valoir ses revendications, malgré les tentatives du gouvernement de clore définitivement ce dossier éducatif épineux.
Le 26 décembre dernier, le gouvernement et les cinq syndicats les plus représentatifs de l’enseignement ont signé un accord relatif au statut unifié des fonctionnaires de l’Éducation nationale qui a déclenché un mouvement de protestations et de grèves dans le secteur. L’accord revoit les principaux points de désaccord rejetés par les syndicats dans la première version du statut unifié des fonctionnaires de l’éducation, qui a d’ailleurs été gelé sous la pression des manifestations répétées des enseignants.
L’un des points à retenir de ce nouvel accord est celui de l’intégration des cadres des Académies régionales en tant que fonctionnaires du ministere de l’Education Nationale.
Ainsi, l’exécutif a promis d’examiner, avec les syndicats, tous les dossiers revendicatifs de toutes les catégories des personnels du secteur, et ce, de manière graduelle.
L’autre acquis pour les enseignants est que le gouvernement a accepté de supprimer le seuil de 30 ans comme âge limite pour rejoindre la profession. Comme il a accepté de supprimer tout le volet des sanctions du statut unifié et de diminuer le temps de travail et des activités parallèles des enseignants.
Le gouvernement a aussi accepté d’allouer des indemnités forfaitaires aux enseignants du primaire et du cycle collégial en plus de l’augmentation (1.500 dirhams mensuels nets) qui a été accordée à tous les fonctionnaires.
Chose est certaine, les grèves des enseignants de l’école publique, tous cycles confondus, ont beaucoup impacté les élèves et davantage ceux qui doivent passer les épreuves du brevet ou des deux années du baccalauréat à partir du mois de mai.
On est en mesure de se poser des questions légitimes concernant les motivations réelles de ces protestations. À qui profitent-elles et que veulent réellement ces Coordinations de l’enseignement?
Force est de constater rque le dossier des enseignants a été instrumentalisé par certaines parties qui veulent régler leurs comptes avec l’État en surfant sur cette vague.
HA/APA