La violence persistante dans les États du nord-est de Borno, Adamawa et Yobe (BAY) entrave la disponibilité et l’accès aux denrées alimentaires.
En 2024, le Nigeria devrait compter environ 26,5 millions de personnes aux prises avec des niveaux élevés d’insécurité alimentaire, comme l’ont révélé le gouvernement du Nigeria et ses partenaires lors de la présentation de l’analyse du Cadre Harmonisé d’octobre 2023 sur l’insécurité alimentaire.
En outre, environ 9 millions d’enfants risquent de souffrir de malnutrition aiguë ou d’émaciation. Parmi eux, un nombre alarmant de 2,6 millions d’enfants pourraient souffrir de malnutrition aiguë sévère (MAS) et nécessiter un traitement nutritionnel critique.
Le Cadre Harmonisé, une initiative axée sur l’analyse alimentaire et nutritionnelle, mène des études deux fois par an (en mars et en octobre) dans 26 États et dans le Territoire de la capitale fédérale (FCT). Grâce au leadership du gouvernement et au soutien du système des Nations Unies, la dernière projection pour 2024 indique une forte augmentation par rapport aux 18,6 millions de personnes actuellement vulnérables à l’insécurité alimentaire d’octobre à décembre 2023.
Selon le rapport distribué par le groupe APO au nom du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (UNOCHA), plusieurs facteurs sont à l’origine de cette tendance, notamment les conflits en cours, les effets du changement climatique, l’escalade de l’inflation et la hausse des coûts des denrées alimentaires et des produits non alimentaires essentiels (en partie en raison de la dévaluation du naira et de l’arrêt de la subvention des carburants). La violence persistante dans les États du nord-est de Borno, Adamawa et Yobe (BAY) entrave la disponibilité et l’accès aux denrées alimentaires.
Il a ajouté que le banditisme armé et les enlèvements dans les États du nord-ouest et du centre-nord, y compris Katsina, Sokoto, Kaduna, Benue et Niger, exacerbent les luttes économiques actuelles.
Secrétaire permanent du ministère fédéral de l’Agriculture et de la Sécurité alimentaire, Ernest Umakhihe a souligné l’importance du Cadre Harmonisé lors d’une présentation à Abuja.
Représenté par Mme Fausat Lawal, directrice des tâches spéciales, M. Umakhihe a souligné qu’en dépit des efforts du gouvernement, les défis externes tels que les effets économiques mondiaux du Covid-19 et la guerre entre la Russie et l’Ukraine, qui perturbe les systèmes alimentaires, persistent.
Sur les 18,6 millions de personnes qui souffrent aujourd’hui d’insécurité alimentaire, 3,3 millions vivent dans les États du nord-est de la région BAY. Ce nombre pourrait atteindre 26,5 millions au niveau national au plus fort de la période de soudure 2024 (et 4,4 millions dans les États de la région BAY) si des mesures immédiates ne sont pas prises.
Dominique Koffy Kouacou, Représentant ad interim de la FAO au Nigeria et auprès de la CEDEAO, tout en appelant le gouvernement à étendre la couverture du CH aux 10 Etats restants, a déclaré que la FAO continuerait à soutenir le gouvernement et le peuple du Nigeria pour vaincre l’insécurité alimentaire et la malnutrition.
Il a déclaré : « En 2024, aux côtés de nos partenaires, la FAO se concentrera sur la transformation des systèmes agroalimentaires en accordant une attention particulière au renforcement de la résilience, à l’agriculture sensible à la nutrition, à l’élevage, à la pêche et à la fourniture de services de vulgarisation ».
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires a signalé que les inondations d’octobre 2023 dans l’état d’Adamawa ont touché environ 8 500 ménages, entraînant des déplacements massifs, en particulier parmi les femmes, les enfants et les personnes âgées. L’insécurité alimentaire et la malnutrition sont parmi les principaux facteurs de besoins humanitaires dans les États BAY », a déclaré M. Trond Jensen, directeur de l’OCHA au Nigéria.
« Les gens ont été contraints d’adopter des mécanismes de survie négatifs tels que le sexe de survie et le travail des enfants pour rester en vie. Au cours de l’année écoulée, des dizaines d’agriculteurs ont perdu la vie et d’autres ont été enlevés ou blessés alors qu’ils tentaient de gagner leur vie en dehors des périmètres de sécurité des villes de garnison de Borno, en raison de l’exiguïté des terres agricoles et de la rareté, voire de l’absence, des moyens de subsistance.
La représentante de l’UNICEF dans le pays, Mme Cristian Munduate, a insisté sur l’urgence d’agir. Elle a déclaré : « Chaque enfant mérite une nutrition adéquate et une vie à l’abri de la faim. Ce n’est pas seulement une responsabilité, mais un devoir moral pour les gouvernements et la communauté mondiale de veiller à ce que ces droits soient respectés ».
David Stevenson, représentant du Programme alimentaire mondial (PAM) dans le pays, a souligné que « la crise de la faim au Nigeria, exacerbé par le conflit en cours dans le nord-est du pays, doit être résolue de toute urgence. Le rétablissement de la paix dans le nord-est est essentiel pour que nous puissions construire des voies de production et réaliser le potentiel du nord-est en tant que grenier alimentaire du pays ».
L’analyse des tendances pour les États du nord-est indique des niveaux d’insécurité alimentaire constamment élevés ou en hausse depuis 2018. Plus de 4 millions de personnes ont eu besoin d’une assistance urgente chaque année depuis juin 2020.
L’Onu exhorte le gouvernement nigérian, les donateurs et les parties prenantes à engager des ressources et à mettre en œuvre des mesures pour éviter une catastrophe alimentaire et nutritionnelle potentielle, en soulignant la nécessité d’un soutien immédiat dans toute la nation.
GIK/lb/te/APA