Les casques bleus de la Minusma ont quitté, ce mardi 31 octobre, leur camp dans la ville stratégique de Kidal, dans le nord. Ainsi, c’est le dernier camp de la mission onusienne dans la région dans le nord du pays qui vient d’être fermé.
C’était prévisible au regard des derniers développements sur le plan sécuritaire dans le Nord du Mali où les rebelles du CSP-PSD ont repris les hostilités contre l’armée malienne. Initialement, c’est vers la mi-novembre que la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) avait fixé pour fermer son camp dans la ville de Kidal. Mais ce départ a été accéléré à cause de la dégradation de la situation sécuritaire et surtout le refus des autorités maliennes d’autoriser tous les vols et autres camions de la Minusma à se rendre dans la région de Kidal pour un désengagement ordonné et sécurisé. C’est un convoi d’environ une centaine de véhicules qui a quitté le camp de la mission onusien e en direction de la ville de Gao, distante de plus de 350 km plus au sud.
Sûrement que ce convoi n’arrivera à destination que dans quelques jours puisque le danger est omniprésent avec les insurgés islamistes qui sont à l’affût de la moindre occasion pour des coups d’éclat.
Il a fallu plus d’une semaine au convoi des casques bleus quittant les localités de Tessalit et d’Aguelhok, dans la région de Kidal pour arriver à Gao. Alors qu’ils avaient finalement quitté, le 21 octobre dernier, c’est finalement le 29 octobre dernier que ces casques bleus ont pu regagner Gao. Sur ce parcours d’environ 500 km, ce convoi a été ciblé par de nombreuses attaques terroristes causant la blessure de quelques casques bleus et des dégâts matériels.
En se retirant de ces trois camps dans la région de Kidal (Tessalit, Aguelhok et Kidal ville) la mission n’a pu emporter que le strict minimum en abandonnant de nombreux équipements militaires sur place. Elle a rappelé que tous ces équipements, notamment des armes lourdes, des explosifs, des blindés, seront soit détruits, désactivés et mis hors d’usage.
La veille du départ anticipé des casques bleus, des éléments de la rébellion ont procédé à l’ensablement de la piste d’atterrissage de l’aéroport de Kidal afin de la rendre inutilisable par les aéronefs de l’armée malienne. Celle-ci voulait normalement que la Minusma attende leur arrivée dans la ville de Kidal afin de rétrocéder le camp conformément à ce qui avait été convenu au départ.
Toutefois, en raison de la situation sécuritaire et les refus d’autoriser l’arrivée de tous les appareils et camions pour le désengagement, la MINUSMA a été contrainte de fermer son dernier camp dans la région de Kidal sans une passation avec les représentants de l’Etat ou l’armée. Avec cette situation, la reconquête totale de la région de Kidal entreprise par l’armée risque d’être compromise ou ralentie. D’ailleurs, ce n’est que dans la localité de Tessalit, plus au nord de la région de Kidal, où elle avait déjà quelques éléments sur place que l’armée a pu se déployer en grand nombre. Il y a également d’autres militaires qui ont pu se positionner depuis le 7 octobre dernier, dans la ville d’Anefis, située à environ 112 km de la ville de Kidal.
A ce jour, les éléments de l’armée qui ont pris position dans les localités d’Anefis et de Tessalit, n’ont pas encore progressé comme souhaité pour reconquérir toute la région de Kidal. Cette progression est ralentie par les rebelles du CSP-PSD et les jihadistes du JNIM en l’occurrence qui mènent des attaques contre ces positions conquises par les militaires.
Entretemps, il faut aussi dire que dans la région de Kidal, la Minusma était dans une sorte d’étau entre toutes ces forces en présence. Son départ risque de plonger cette région dans un nouveau conflit ouvert comme en 2012 et 2014. De plus, conformément à la résolution 2690 du Conseil de Sécurité de l’ONU fixant son retrait du Mali au plus tard, le 31 décembre dernier, la Minusma est déterminée à respecter ce délai. Avec la fermeture de toutes ces bases dans la région de Kidal, il ne reste à la mission de l’Onu que quatre bases sur les douze qu’elle disposait au Mali.
La Minusma demeure la mission onusienne de maintien de la paix la plus coûteuse en vies humaines et en argent. Avec un budget annuel de plus d’un milliard de dollars, depuis son déploiement au Mali, elle a perdu plus de 300 casques bleus dont la majorité suite à des actes hostiles.
MD/ac/APA