L’assurance islamique communément appelé Takaful reste encore à l’état embryonnaire au pays de la Teranga du fait d’un environnement juridique peu propice.
Le Takaful vient du mot arabe « kafalah » qui signifie un accord d’entraide et de solidarité entre les membres d’une communauté en cas de perte ou de dommage subis par l’un d’entre eux. C’est un concept global qui peut se traduire par celui de garantie mutuelle ou d’indemnisation entre membres d’un groupe qui sont à la fois assureurs et assurés. Il prône le partage équitable des risques et des bénéfices, une forme de finance associative.
Né dans les années 1970, le Takaful est l’assurance islamique, basée sur les principes fondamentaux de l’Islam qui mettent l’accent sur la solidarité, l’entraide et l’éthique dans tous les aspects de la vie. Il offre une alternative éthique et équitable à l’assurance conventionnelle, répondant aux besoins de nombreuses communautés musulmanes à travers le monde.
Si ce produit est fortement développé dans certains pays à forte communauté musulmane, au Sénégal, il peine à exprimer son plein potentiel du fait notamment d’un environnement juridique peu favorable. « Pour que le Takaful puisse se développer pleinement au Sénégal, nous devons surmonter certains obstacles. Assurément, la première étape est de disposer d’un cadre règlementaire favorable au Takaful. En effet, l’absence d’un tel cadre réglementaire est un frein majeur au développement de la microfinance islamique dans le pays », a déclaré le coordonnateur du Programme de développement de la microfinance islamique (Promise), Madame Néné Fatoumata Tall.
Abondant dans le même sens, le responsable du guichet SENTAKAFUL et directeur de SEN ASSURANCE, Mamadou Racine Bathily, a souligné l’importance d’une réglementation favorable pour garantir le développement du Takaful au Sénégal. Pour lui, ce produit représente une opportunité unique pour créer une inclusion financière accrue et lutter contre la pauvreté. Il devrait aussi permettre de favoriser la solidarité et le bien-être social, a-t-il poursuivi.
De son côté, la gestionnaire des risques à la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao), Madame Aissatou Sall Touré a quant à elle appelé à la prudence quant aux enjeux liés à la réglementation de l’assurance islamique. Elle a invité les acteurs au respect des normes et de la réglementation en vigueur pour favoriser la création d’une véritable industrie autour du Takaful.
Cette rencontre permettra ainsi d’identifier les contraintes règlementaires spécifiques et de formuler des recommandations pour la mise en place d’un environnement règlementaire adapté à l’assurance islamique.
« Notre objectif ultime est d’identifier les différentes étapes nécessaires pour promouvoir la micro-assurance islamique. Cela, en impliquant tous les acteurs concernés. Et pour y parvenir, il est important de capitaliser toutes les opportunités de coopération sous-régionale afin de bénéficier de l’expertise et de l’expérience des autres pays de la zone », a indiqué Mme Tall.
Selon le coordonnateur du Promise, à travers cet atelier, le Sénégal a une chance unique de développer une industrie financière inclusive qui répond à ses valeurs en tant que nation.
ARD/ac/APA