Ce n’est pour le moment qu’une « reprise partielle », mais pour la junte au pouvoir, c’est une bouffée d’air frais dans un contexte d’isolement sur la scène internationale.
Après les avoir suspendues pendant presque un mois, l’armée américaine a annoncé, jeudi 14 septembre, avoir repris en partie ses activités militaires au Niger.
Dans une déclaration au magazine militaire spécialisé Air & Space Forces Magazine, le Pentagone a indiqué que « depuis deux semaines », les vols de surveillance et de reconnaissance (ISR) au moyen des drones et des avions légers dont elles disposent dans le pays. Il s’agit, selon la même source, des « vols limités », et destinés « à des fins de protection » des soldats, comme la précisé un porte-parole du Pentagone, le général Patrick Ryder, qui a toutefois précisé : « nous n’avons pas repris les missions de formation et d’assistance aux forces nigériennes, ni la coopération antiterroriste » avec Niamey.
Négociations diplomatiques
La veille, mercredi, dans une intervention au Congrès annuel de l’Association des forces aériennes et spatiales américaines à Washington, le général James Hecker, commandant des forces aériennes américaines en Europe et en Afrique, avait déjà indiqué que les Etats-Unis pouvaient désormais, « grâce au processus diplomatique », reprendre « un grand nombre de missions » qu’ils effectuaient auparavant au Niger.
« L’armée américaine a repris ses opérations au Niger, faisant voler des drones et d’autres avions depuis les bases aériennes du pays plus d’un mois en dépit du coup d’État qui avait interrompu momentanément ses activités », a-t-il déclaré, selon la chaîne qatarie Al Jazeera. « Pendant un certain temps, nous n’effectuons aucune mission dans les bases, car, les aérodromes étaient pratiquement fermés », a affirmé Hecker aux journalistes avant d’ajouter que « maintenant, nous effectuons un grand nombre de missions que nous faisions auparavant ».
Le général James Hecker a précisé que les négociations avec les dirigeants militaires du Niger avaient abouti à la reprise de certaines missions de renseignement et de surveillance.
La semaine dernière, les Etats-Unis avaient annoncé avoir redéployer, « par mesure de précaution », leurs soldats de la base 101 de Niamey, qu’ils partagent avec les soldats français, vers la base 201 d’Agadez, dans le nord du pays.
En plus de cette base, l’armée américaine qui compte quelques 1.000 soldats au Niger, dispose aussi d’une autre base, plus utilisée par la CIA, à Dirkou, toujours dans cette même zone frontalière de la Libye et du Tchad.
Avec cette reprise, même partielle, de ses activités militaires au Niger, les Etats-Unis prennent le contre-pied de la France qui a annoncé depuis plusieurs semaines, la suspension de ses activités militaires au Niger.
Paris, qui refuse de reconnaitre la légitimité des nouvelles autorités de Niamey, continue toutefois, et malgré la dénonciation des accords militaires par le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, de maintenir la présence de 1500 soldats au Niger établis sur les bases de Niamey mais aussi à Ouallam et Ayerou dans la zone des trois frontières.
Au lendemain du renversement de Bazoum, les USA se sont montrés moins catégoriques que l’ancienne puissance coloniale. Bien que certains projets et programmes comme ceux du Millenium Challenge Corporation (MCC), notamment le compact régional avec le Bénin, ainsi que les projets non humanitaires de l’USAID soient suspendus, Washington avait dépêché à Niamey le numéro 2 de sa diplomatie, Victoria Nuland, avant de nommer une nouvelle ambassadrice dans le pays et qui a pris ses fonctions mi-août dernier.
Au sein de la junte militaire, l’armée américaine dispose d’ailleurs de plusieurs relais comme l’ancien patron des forces spéciales nigériennes, le général de Brigade Moussa Salaou Barmou, numéro 3 du CNSP et actuel chef d’état-major des armées, qui a été formé aux Etats-Unis.
AYB/ac/APA