La communauté internationale a condamné le coup d’Etat contre Mohamed Bazoum et a appelé au rétablissement d’ordre constitutionnel.
Il est enfin sorti de l’ombre. Instigateur du mouvement d’humeur qui a emporté le président Mohamed Bazoum dans la nuit du 26 au 27 juillet, le chef de la garde présidentielle depuis une dizaine d’années, a fait une déclaration, diffusée vendredi matin par la télévision nationale. Pendant 8 minutes, le général Abdourahmane Tchiani, porté à la tête du Conseil national pour la sauvegarde de la Patrie (CNSP) a tenté d’expliquer le surprenant renversement du successeur de Mahamadou Issoufou.
« L’action du CNSP est motivée par la seule volonté de préserver notre chère patrie face, d’une part à la dégradation continue de la situation sécuritaire dans notre pays, et cela sans que les autorités d’u ne nous laissent entrevoir une véritable solution de sortie de crise ; d’autre part la mauvaise gouvernance économique et sociale », a-t-il rappelé.
Un discours politicien sur la situation sécuritaire
Selon le président de la junte nigérienne, « il y a le discours politicien sur la situation sécuritaire relayé par certains milieux politiques au niveau national et international (…) qui voudrait que tout se passe bien et sous contrôle ». Or pour lui, la réalité serait tout autre. « Il y a la dure réalité telle qu’elle est vécue par nos forces de défense et de sécurité et nos laborieuses populations, avec son lot de morts, de déplacés, d’humiliations et de frustrations », indique-t-il. Pour l’illustrer, il évoque les attaques de Bosso, d’Inates, de Chinogodar menées par l’Etat islamique et au cours desquelles l’armée nigérienne a perdu plusieurs dizaines de soldats.
Partant de là, le tombeur de Mohamed Bazoum pose la question de savoir « si la prise en charge actuelle de la question sécuritaire au Niger a permis de garantir la sécurité » des Nigériens et s’il est opportun de « continuer ainsi avec la même approche, les mêmes acteurs et les mêmes résultats ».
« Pour le CNSP, nous répondons avec force par la négative. Non, l’approche sécuritaire actuelle n’a pas permis de sécuriser notre pays, en dépit des lourds sacrifices consentis par les Nigériens et le soutien appréciable de nos partenaires extérieurs », tranche-t-il, rappelant que c’est pour redresser la barre que « nous avons décidé d’intervenir et de prendre nos responsabilités ».
L’isolement du Mali et du Burkina interrogé
Au sujet de l’approche de l’équipe sortante, il a invité à s’interroger sur le « sens et la portée d’une politique sécuritaire consistant à la libération extra-judiciaire de plusieurs chefs terroristes, du recrutement et du détournement de plusieurs centaines d’éléments FDS (…) en les plaçant sous la seule autorité des politiques ».
Les putschistes en veulent aussi au président Bazoum pour avoir déclaré que « ses soldats qui se battent au prix de leur vie sont moins forts et moins aguerris que les terroristes ». Ils n’ont pas compris l’exclusion de « toute collaboration avec le Burkina Faso et le Mali », dans la lutte contre le terrorisme, « alors que nous partageons avec ces deux pays voisins la zone du Liptako Gourma, dans laquelle se concentrent aujourd’hui l’essentiel des activités des groupes terroristes que nous combattons ».
Le président du CNSP estime que le « gouvernement déchu » a montré ses limites dans la gouvernance socio-économique et attend des partenaires du Niger de « faire confiance aux FDS ». Il réaffirme la volonté du CNSP de « respecter tous les engagements internationaux souscrits » souscrits par le Niger et les droits humains. Cependant, aucun mot sur le sort du président déchu dont plusieurs chefs d’Etat et d’organisations internationales ont exigé la libération.
Un sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest sur le Niger, doit se tenir dimanche 30 juillet à Abuja. L’institution sous-régionale qui a réagi à deux reprises pour condamner le coup d’Etat contre Bazoum n’exclut pas d’employer tous les moyens nécessaires pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger.
AC/APA