Les quotidiens sénégalais parvenus lundi à APA titrent sur une diversité de sujets qui tournent autour du candidat encore inconnu de la coalition présidentielle à l’élection présidentielle de 2024 après l’annonce du départ de Macky Sall et la suppression de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), qui semble donner malgré tout des sueurs froides à l’Etat sénégalais condamné par la justice française à payer des dizaines de milliards de francs CFA à un ancien accusé.
Le Soleil s’intéresse au candidat à la candidature de l’Alliance pour la République (APR), une question qui est à la base de « complexités d’une équation à une seule inconnue » dans le parti présidentiel qui cherche un successeur de Macky Sall. Le chef de l’Etat sortant a décidé de ne pas briguer un troisième mandat à sept mois de l’élection présidentielle, une décision qui plonge son parti dans « une bataille +fratricide+ ».
« Selon différents analystes politiques, la situation peut être étudiée sous divers angles. D’après leur analyse, il sera très difficile, voire impossible, de trouver un candidat qui fasse l’unanimité. Cet avis est soutenu par Moussa Diaw, enseignant-chercheur en Sciences politiques à l’Université Gaston-Berger de Saint-Louis (nord). +Dans tous les cas, le choix sera difficile et contesté. Il sera difficile, dans le contexte actuel, de trouver un consensus autour d’un candidat+», prédit-il. En effet, il estime que les enjeux sont considérables. Pour lui, c’est cela qui explique la tension notée au sein de l’APR, mais aussi de la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY, unis pour un même espoir) », souligne le quotidien national.
L’Observateur estime que le choix du dauphin est devenu « l’angoisse de la Sall d’attente » pour les potentiels candidats à la présidentielle au sein de BBY, évoquant notamment « le retour à la case départ, le choix définitif du Président, les derniers réglages et le temps pour calmer les frustrations ». « Ils sont tous dans l’expectative. +Serai-je choisi ou pas ?+ L’interrogation hante tous les aspirants. La réponse, devant émaner du président, tarde à arriver. Mais l’attente ne sera désormais plus longue qu’elle l’est déjà. Macky Sall serait revenu à sa décision originelle après avoir exploré une nouvelle voie sans succès », confie le journal.
Pour régler définitivement la question conflictuelle du troisième mandat au Sénégal et en Afrique de l’ouest ainsi que « l’hypertrophie du pouvoir présidentiel », Mamadou Lamine Diallo, économiste et député de l’opposition sénégalaise, « montre la voie » dans Sud Quotidien.
« Le député de Tekki (réussir en langue wolof) et candidat déclaré à la présidentielle de 2024 est formel sur la limitation du mandat présidentiel à deux. Il faut l’inscrire dans le protocole additionnel de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), préconise-t-il. Car, a-t-il fait savoir sans ambages, +vous ne pouvez pas avoir d’intégration politique et/ou économique en Afrique de l’ouest si vous n’avez pas une convergence constitutionnelle, une convergence institutionnelle+. Qui plus est, il invite à la limitation et à l’encadrement des pouvoirs du président de la République et même à rendre ce dernier +justiciable+ », souligne le journal.
Sur un autre sujet, L’Observateur évoque « le lourd héritage » laissé par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). Avant d’être remplacée la semaine dernière à l’Assemblée nationale par le Pool financier et judiciaire, cette juridiction a condamné des personnalités du régime libéral pour malversations sur les deniers publics à l’image de l’ancien ministre Karim Wade ou de son ami Bibo Bourgi. Ce dernier vient d’ailleurs d’obtenir gain de cause face à l’Etat sénégalais condamné par la Cour de cassation française à lui payer plus de 160 milliards de francs CFA.
Malgré cette condamnation pécuniaire du Sénégal par la justice française, Walf Quotidien rapporte que « l’Etat refuse de perfuser Bibo Bourgi », rappelant la manière dont l’homme d’affaires franco-sénégalais se présentait en tant qu’accusé, tantôt sur une civière, tantôt sur une chaise roulante, dans les procès de la Crei. « Le gouvernement n’est pas disposé à payer 170 milliards de francs CFA à Bibo Bourgi conformément à la décision rendue par la Cour de cassation française. Dans un communiqué, le ministère des Finances et du Budget précise que le Sénégal est un Etat souverain, bénéficiant d’une immunité d’exécution rendant impossible toute mesure d’exécution forcée sur ses biens », souligne le quotidien.
Avec un tel avenir, L’Observateur voit une Crei transformée en une « arme qui deviendra un fardeau pour le régime de Macky Sall ». Certains observateurs estiment qu’elle est « plus un instrument de règlement de comptes politiques qu’autre chose » là où d’autres notent que « c’était un boulet » que même le président Abdou Diouf (1980 – 2000) « n’a jamais utilisé ».
Pour sortir de cette situation, Bés Bi s’éclaire des positions de trois juristes pour proposer une « thérapie de choc » qui s’appuie sur la « responsabilité des ordonnateurs de dépense » et la « réforme de la déclaration de patrimoine ». Pour le professeur Abdoul Aziz Kébé, il faut procéder à des réformes législatives pour « permettre à la Cour des comptes de juger directement les ministres ».
Birahim Seck, coordonnateur du Forum Civil, invite de son côté les autorités à « adopter les avant-projets sur la déclaration de patrimoine » au moment où le secrétaire général de la Cour des comptes, Alioune Niane, indique que « trois rapports de la Cour sont prêts à être publiés » après que celui qui a été produit sur la gestion des 1000 milliards FCFA destinés à la lutte contre la pandémie de Covid-19 a généré de vives polémiques.
ODL/ac/APA