Plus de 2 000 Burkinabè avaient trouvé refuge au Ghana, en octobre 2022, selon des humanitaires.
Le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) appelle le gouvernement ghanéen à mettre fin aux « détours forcés » des citoyens Burkinabè.
Au moins 450 Burkinabé sont rentrés au bercail, depuis mardi soir, en provenance du Ghana voisin où ils ont été forcés à quitter leurs zones d’accueil, a appris APA, auprès de sources gouvernementales et de témoins.
Les victimes affirment avoir été déposés à la frontière entre le Ghana et le Burkina Faso avant de faire le reste du trajet à pied à l’intérieur du pays.
Elles ont été accueillies sur des sites de fortune (écoles, centres de jeunes et de santé…) dans plusieurs localités du pays, notamment dans les régions du Centre-sud, du Centre-ouest et du Sud-ouest.
Sur le site de Dakola dans le Centre-sud, on dénombre 250 personnes dont 35 hommes, 85 femmes et 130 enfants, refoulés du territoire ghanéen.
Aussi dans le Ioba au Sud-ouest, plus de 200 Burkinabè ont été accueillis par les autorités locales.
« Ma femme et mes 3 enfants sont restés là-bas »
« Nous n’avons rien compris. Je suis au Ghana depuis 2019. C’est lorsque je revenais du marché que j’ai été embarqué. Je n’ai même pas pu arriver chez moi. Ma femme et mes 3 enfants sont restés là-bas. Mais nous avons été bien accueillis ici à Dakola par nos compatriotes », a témoigné un Burkinabè déporté.
D’autres populations suivant le même chemin pourraient accroître ce nombre.
Des sources au Ghana évoquent le chiffre de 2 000 Burkinabè en cours d’expulsion.
Une délégation gouvernementale est allée leur apporter une assistance humanitaire d’urgence, mais surtout pour un « retour dans la dignité ».
Une violation des conventions internationales
Le gouvernement rassure ses « compatriotes qu’ils sont chez eux au Burkina Faso ». Il affirme avoir pris « toutes les mesures nécessaires pour qu’ils se sentent chez eux ».
« C’est une occasion pour nous de prendre la communauté internationale à témoin. Nous pensons que si des pays ont ratifié des conventions internationales notamment la convention de Genève de 51, il va de soi qu’ils respectent les clauses de ces conventions », a rappelé le ministre délégué à la Sécurité, Mahamadou Sana.
Dans un communiqué, mercredi, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), s’est dit préoccupé par les informations faisant cas d’expulsion de centaines de citoyens burkinabè ayant cherché sécurité et protection au Ghana.
« Mettre fin aux retours forcés »
Le HCR a « appelé le gouvernement du Ghana à mettre fin à ces retours forcés, qui constituent une violation du principe de non-refoulement ».
Le non-refoulement, selon le HCR, est un principe fondamental inscrit dans le droit international, qui interdit le retour d’un demandeur d’asile ou d’un réfugié dans des pays où sa vie ou sa liberté seraient menacées.
Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés indique collaborer avec le Ghana pour soutenir ses efforts visant à assurer la protection de plus de 8 000 ressortissants burkinabè qui ont cherché protection sur son territoire à la suite du conflit en cours dans leur pays d’origine.
« Dans le cadre de cette coopération, un centre d’accueil géré conjointement par le Ghana Refugee Board et le HCR d’une capacité de 4 000 personnes a été inauguré dans la région de l’Upper East pour reloger les réfugiés burkinabè loin de la frontière pour des raisons de sécurité », a révélé l’organisation.
De son côté le gouvernement ghanéen dément, jeudi 13 juillet, avoir rapatriés de force des citoyens burkinabè établis sur son territoire. Selon le ministère de la Sécurité nationale, plus de 530 personnes sont accueillies sur des sites dans le nord du pays et bénéficient d’une prise en charge appropriée. Les autorités ghanéennes précisent cependant qu’un processus de rapatriement est organisé conformement aux protocoles internationaux sur la gestion des réfugiés et en collaboration avec les autorités d’immigration burkinabè, le long de la frontière entre le Ghana et le Burkina Faso.
En raison de la crise sécuritaire, plus de 2 000 Burkinabè avaient trouvé refuge au Ghana, en octobre 2022, selon des humanitaires.
SD/ac/APA