Les quotidiens sénégalais parvenus mercredi à APA titrent principalement sur les décisions du président Macky Sall pour apaiser la tension foncière dans la commune dakaroise de Ngor alors que son farouche adversaire, Ousmane Sonko, maintient son appel à la résistance à neuf mois de l’élection présidentielle dans un contexte sociopolitique tendu au Sénégal.
Walf Quotidien note que « ça dégénère » à Ngor, un quartier traditionnel de la presqu’île dakaroise où les affrontements entre la population et les forces de l’ordre font rage. Selon le journal, « le climat reste tendu à Ngor où les habits de ce village traditionnel de la communauté Lébou sont vent debout contre une installation d’une brigade de gendarmerie ».
« À côté des nombreux blessés, deux morts auraient été dénombrés, hier, a écrit le site d’informations PressAfrik, citant le président du mouvement +Ngor Debout+, Mamadou Ndiaye. +Il y a deux décès avec notamment une maman et une autre fille. Les décès sont dus aux affrontements. Difficile de savoir exactement ce qui s’est passé vu que personne ne peut sortir en ce moment », a déclaré M. Ndiaye.
Le Quotidien rapporte que Ngor a vécu une « journée chaude » hier, les manifestants « s’en prenant à l’hôtel Ngor Diarama » avant que « la fièvre » n’atteigne Ouakam et Yoff, deux autres quartiers traditionnels environnants. Pour trouver un dénouement au problème, le président Macky Sall « a rencontré les notables de Ngor dans la soirée d’hier ».
L’Observateur donne des détails sur « les deux morts et les grandes décisions issues de l’audience au Palais » de la République à la suite des affrontements entre les populations ngoroises et les gendarmes. « Le terrain, objet du litige, est partagé entre Ngor et la gendarmerie » qui veut ériger sur le site de 6000 m2 une brigade. En plus du « titre foncier du stade de Ngor livré à la mairie », l’Etat promet la « construction d’un lycée » et « des emplois pour les jeunes ».
Sous un autre angle, le journal traite des « enjeux du duel » entre Ousmane Sonko et le maire de Dakar Barthélémy Dias, deux éminents membres de la principale coalition de l’opposition, Yewwi Askan Wi (YAW, libérer), qui se regardent en chiens de faïence depuis l’appel au dialogue du président Macky Sall. En réponse à une sortie du premier accusant anonymement un leader de YAW de comploter sur son dos pour qu’il ne soit pas candidat à la présidentielle dans le cadre du dialogue appelé par Macky Sall, le second a répliqué de manière incendiaire, estimant que Sonko lui avait donné son aval pour continuer les démarches avec le chef de l’Etat en vue d’amener l’opposition et le pouvoir à s’asseoir autour d’une table pour décrisper la situation politique au Sénégal.
Cependant, les deux opposants « n’ont plus intérêt à être ensemble et n’importe quelle étincelle peut mettre le feu aux poudres », a analysé un spécialiste de la politique sénégalaise dans le journal, soulignant que « l’ombre de Khalifa Sall », ancien maire de Dakar et leader de la formation dont est membre Barthélémy Dias, est « au centre du problème ».
Malgré « les déchirures », YAW tient à mener « le combat » en organisant le 19 mai prochain une « marche nationale et internationale en soutien à Ousmane Sonko », condamné lundi dernier par la Cour d’appel à une peine de six mois avec sursis dans l’affaire de diffamation l’opposant au ministre Mame Mbaye Niang, un verdict qui peut compromettre sa candidature à la présidentielle de février 2024.
Toutefois, le leader de Pastef et maire de Ziguinchor (sud) est persuadé de sa participation au prochain scrutin présidentiel en dépit de ses problèmes avec la justice sénégalaise : « Il n’y a aucune créature sur terre qui peut m’empêcher d’être candidat à la présidentielle de 2024 ». L’opposant arrivé troisième à la dernière présidentielle avec plus de 15% des suffrages précise dans Sud Quotidien que « cela ne l’ébranle pas, ni ne le freine » dans sa course à la présidentielle.
Face au « risque d’inéligibilité » de sa candidature à ce scrutin qui se tient dans neuf mois, Ousmane Sonko réitère dans Bés Bi son appel à la « résiste tance » contre le régime de Macky Sall, estimant que « nous avons les moyens de rendre ce pays ingouvernable » et que « nul ne peut m’empêcher d’être candidat » en 2024.
ODL/ac/APA