Plusieurs obstacles se dressent devant la tenue de cette élection.
Initialement prévu le 19 mars prochain, le référendum constitutionnel aura finalement lieu le 18 juin prochain. L’annonce a été faite aujourd’hui par le porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga.
Selon lui, ce scrutin censé se dérouler « sur toute l’étendue du territoire national et dans les représentations diplomatiques du Mali » vise à appeler les Maliens à se prononcer sur le projet de Constitution validé par le président de la Transition, en mi-mars dernier.
Il s’agit pour les électeurs de répondre par oui ou par non à la question suivante : ‘’Approuvez-vous le projet de Constitution’’. Les membres des forces de défense et de sécurité voteront par anticipation le dimanche 11 juin 2023, conformément à la loi électorale. Pour la circonstance, la campagne électorale s’étendra du 2 au 16 juin prochain.
Alors qu’il était prévu le 19 mars prochain, le référendum constitutionnel avait été reporté à une date ultérieure. Les autorités avaient évoqué comme motifs le retard pris dans la mise en place des démembrements de l’Autorité Indépendante de Gestion des Elections (AIGE) organe unique censé organiser tout le processus électoral. Les autres motifs avancés par les autorités sont le retard dans la distribution de la Carte nationale d’identité biométrique sécurisée (CNIBS) et la vulgarisation du nouveau projet de Constitution en vue de son appropriation par les populations.
Toutefois, les raisons qui ont conduit au premier report semblent toujours d’actualité. Le référendum censé se dérouler partout au Mali doit tenir compte de la nouvelle réorganisation territoriale et administrative du pays qui compte désormais 19 régions, 156 cercles et 819 communes. Plusieurs de ces localités ne sont toujours pas opérationnelles. Aussi, la Cour Constitutionnelle continue de se plaindre d’un manque de moyen alors que son rôle est essentiel dans le processus électoral. En plus, lors de l’annonce du report de la date du 19 mars dernier, les autorités avaient indiqué que la nouvelle date sera fixée par l’AIGE en concertation avec toute la classe politique. Visiblement, cette démarche n’a pas été respectée selon certains leaders politiques joints par APA.
Malgré les efforts des autorités de la transition’ notamment en acquérant des moyens aériens pour combattre les groupes jihadistes, la situation sécuritaire est loin d’être maitrisée. Dernièrement, les insurgés ont multiplié les attaques et ne semblent plus se fixer de limite en termes de zone d’intervention. Cette situation crée un déplacement massif des populations fuyant les violences et l’abandon de leurs terroirs. En effet, le nombre de déplacés internes a augmenté par rapport à 2021, atteignant désormais plus de 422 000 individus. De plus, au 31 décembre 2022, le Mali accueillait plus de 60.000 réfugiés, dont plus de 25.000 en provenance du Burkina Faso.
Au-delà, la rupture du dialogue entre partie signataires de l’Accord de paix 2015 à savoir les autorités et les ex-rebelles présagent pour certains l’imminence d’une reprise des hostilités. Ce qui pourrait aussi être un frein à la tenue du référendum sur toute l’étendue du territoire dont les rebelles contrôlent certaines portions. Aussi, nombreux sont ceux qui s’inquiètent des événements déjà programmés durant cette période où le référendum doit se dérouler. Ainsi, après 13 ans d’absence pour des raisons d’insécurité, la prochaine biennale artistique et culturelle du Mali se tiendra du 6 au 16 juin prochain dans la ville de Mopti. Selon plusieurs observateurs, les populations auront plus à cœur la participation à cet événement plutôt qu’à des élections. De plus, le scrutin référendaire du 18 juin coïncidera avec la tenue des éditions 2023 des épreuves du Baccalauréat Technique et Professionnel qui commenceront du 15 au 16 juin 2023 ainsi que le baccalauréat général qui se déroulera du lundi 19 juin au jeudi 22 juin. Habituellement au Mali comme dans de nombreux pays africains, ce sont les salles de classe qui abritent les élections. Sur le plan logistique, il y a lieu d’indiquer que le Mali ne dispose toujours pas de liste électorale actualisée.
Cette situation prouve toute la difficulté d’organiser ce scrutin référendaire à la date indiquée à savoir le 18 juin prochain. Une annonce saluée par la CEDEAO dans l’espoir que cette étape soit le premier pas pour un transfert du pouvoir aux civils après la présidentielle de février-mars 2024.
MD/ac/APA