Après Séoul, Montréal, Bilbao et Mexico, la capitale sénégalaise sera, début mai, « la porte de l’Afrique » pour accueillir la biennale mondiale de l’économie sociale et solidaire.
Les allées de la Place de l’Indépendance, en centre-ville de Dakar, vibrent de monde et de véhicules assourdissants ce mercredi 26 avril. Sur les larges avenues de ce célèbre endroit de la capitale sénégalaise, des agents municipaux s’activent pour la propreté des coins et recoins pendant que d’autres aident les policiers à réguler la circulation.
Ils tiennent surtout à maintenir cette altière image des artères dakaroises parce que cette ville dont le premier président du pays, Léopold Sédar Senghor (1960-1980), disait qu’elle serait « comme Paris à l’an 2000 », d’après une célèbre phrase qu’on lui prête, s’apprête à accueillir « plus de 3000 participants » à la cinquième édition du Forum mondial de l’économie sociale et solidaire (GSEF), du 1er au 6 mai 2023.
Organisatrice de cette biennale pour « la première fois en terre africaine », la mairie de Dakar a décidé de mettre les petits plats dans les grands en vue d’offrir « 20 millions d’opportunités » aux Africains en 2023 dans le sillage des Objectifs de développement durable (ODD) fixés d’ici 2030 par l’Organisation des Nations Unies (ONU). Ce programme municipal est synthétisé à travers « la plateforme DK20/23/30 », d’après Barthélémy Dias, qui a fêté en janvier dernier sa première année à la tête de la mairie de Dakar.
« 20 millions d’opportunités » à saisir
Trouvé dans le majestueux hôtel de ville, un des bâtiments hérités de l’administration coloniale française, le maire âgé de 47 ans prépare activement cet événement avec ses collaborateurs. Ils comptent « s’appuyer » sur les gouvernements, la société civile, les partenaires bilatéraux et multilatéraux, la Responsabilité sociétale d’entreprise (RSE), le patronat pour réussir l’organisation.
Dias se félicite d’ores et déjà de la collaboration du ministère sénégalais de la Microfinance et de l’Economie sociale et solidaire avec lequel il est « en parfaite harmonie» et parle « le même langage» malgré son statut d’opposant au régime en place. « J’ai pris sur moi la responsabilité d’inviter le président Macky Sall pour l’ouverture de ce forum mondial » qui permettra aux jeunes africains de décrocher un nombre inestimable d’opportunités.
« On ne parle pas de vouloir offrir 20 millions d’emplois. On parle de 20 millions d’opportunités de formation, d’éducation, d’emploi, de financement, d’échanges. Imaginez-vous aujourd’hui le jeune sénégalais, le jeune ivoirien, le jeune congolais, le jeune marocain avoir l’opportunité d’échanger avec le cofondateur de Microsoft, l’Américain Bill Gates, l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, qui est aujourd’hui une référence dans l’agriculture et l’élevage ou la star sénégalaise du championnat américain de basketball, Gorgui Sy Dieng ? C’est une opportunité qu’on lui offre », a illustré l’ancien maire de la commune dakaroise de Mermoz-Sacré-Cœur, faisant comprendre que les retombées du forum ne seront pas destinées qu’aux Dakarois, mais à tous les Africains pour qui cette thématique a un sens élevé.
Changement de paradigmes
« L’économie sociale et solidaire parle à tous les Africains. Certains l’appellent communément le secteur informel, d’autres l’économie exclue du système classique bancaire. En Afrique, ce secteur représente plus de 70% de nos économies respectives. Aujourd’hui, c’est une écrasante majorité des Africains qui vivent des métiers de la rue. Ils contribuent grandement, significativement, quantitativement et qualitativement à nos économies respectives », a expliqué Barthélémy Dias, appelant les gouvernements des pays africains à agir pour un changement de paradigme dans le secteur bancaire.
« Une banque qui ne prend pas de risque n’en est pas une. Aujourd’hui, les banques doivent accepter de prendre des risques pour accompagner l’entreprenariat des jeunes et des femmes. Les Etats ont un rôle à jouer parce que la plupart d’entre eux sont membres des conseils d’administrations bancaires et ont leur mot à dire », a-t-il plaidé avant de donner sa parole, au sortir de ce forum, qu’il mettrait tout son possible pour que « le Fonds de développement municipal (Fodem), le bras financier de la ville de Dakar, soit transformé en banque pour accompagner les entrepreneurs » après leur avoir délivré une « formation » pour mieux gérer les fonds qui leur seront alloués.
En décembre 2012, la mairie de Dakar a co-organisé le sixième sommet d’Africités avec Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique (CGLU-A) sous le magistère de Khalifa Ababacar Sall. Plus d’une décennie après, son successeur entend se donner tous les moyens, qu’il refuse de chiffrer, pour relever le défi de la participation et de la communication autour de ce forum qui s’ouvre le jour de la fête du travail dans cette ville qui est pour lui « la porte de l’Afrique ». « Ce qui nous importe surtout, ce n’est pas le budget, mais la réussite de cet événement », a clarifié Barthélémy Dias devant ses proches collaborateurs.
ODL/ac/APA