Le Président Rwandais Paul Kagame rejette les accusations de soutien au groupe rebelle M23.
Le Mouvement du 23 mars qui est actif dans l’Est de la République Démocratique du Congo (Rdc) est accusé de commettre des atrocités contre les populations civiles dans cette région de la Rdc. Kagame a réaffirmé cette position samedi à Cotonou lors de la visite d’Etat de 72 heures qu’il effectue au Bénin. Interpellé sur la question au cours d’une conférence de presse conjointe avec son homologue béninois Patrice Talon, il a indiqué que le Rwanda n’a rien à voir dans l’affaire du M23.
« Le problème du Congo, le problème de la région ou même le problème du Rwanda, n’est pas le M23. Le M23 est le produit de plusieurs autres problèmes qui n’ont pas été résolus depuis des décennies », s’est défendu le dirigeant rwandais. Il a rappelé que la crise liée au M23 remonte à 2012 avant même que Félix Tshisekedi ne soit élu président de la République Démocratique du Congo.
Pour Kagame, la question du M23 concerne en premier lieu, les congolais qui revendiquent un héritage rwandais. Il explique que les frontières tracées par la colonisation, ont divisé les peuples avec une partie du Rwanda qui a été donnée à l’est de la Rdc et l’autre au sud de l’Ouganda. « Ces problèmes me dépassent. Ils vont au-delà de ma personne et de la personne du Président Tshisekedi », soutient-il.
Paul Kagamé souligne que malgré tous les efforts consentis par les différents médiateurs pour résoudre la crise, le problème du M23 persiste depuis plus de onze ans. Le président rwandais estime que si les choses sont aussi difficiles, c’est parce que les pays concernés ne veulent pas vraiment que la question soit résolue. « C’est un peu comme si nous même, on ne souhaite pas résoudre le problème et on tourne autour du pot », a déclaré Paul Kagame. Le dirigeant rwandais dit espérer qu’avec l’implication des pays de la région, le problème de la rébellion du M23, trouvera une solution définitive.
Un rapport des Nations Unies paru en décembre 2022 accuse le Rwanda d’avoir envoyé ses militaires combattre aux côtés du M23 dans l’Est de la RDC. Le document révèle aussi que Kigali a fourni des armes, des munitions et des uniformes aux rebelles. Le Rwanda a vivement rejeté ce rapport, se défendant de tout soutien au Mouvement du 23 mars.
La rébellion qui était en sommeil depuis une décennie a relancé les combats en fin d’année 2021. Le groupe dit avoir pris les armes contre les discriminations dont les Tutsis congolais sont victimes.
« La Russie a le droit d’être partout sur le continent »
Dans son adresse à la presse lors de son séjour au Bénin, Paul Kagame s’est aussi prononcé sur la présence russe en Afrique. Selon le président rwandais, les africains ne devraient même pas se préoccuper des problèmes entre les Occidentaux et la Russie. « Ces superpuissances doivent gérer leurs problèmes entre elles, elles continuent à nous exploiter, elles continuent à profiter des petits pays que nous représentons » note Kagame. Il ajoute toutefois, que la Russie a le droit d’être partout où elle veut en Afrique. Il invite plutôt les pays africains à travailler ensemble pour définir leurs besoins, les soumettre aux superpuissances pour voir si elles sont en mesure d’aider à les satisfaire. « La crise russe, je ne sais pas comment elle va se terminer, personne ne le sait. Je pense que les pays comme la Russie trouveront des solutions à leurs problèmes pendant que nous africains avec mon homologue ici, nous essayons de trouver des solutions à nos problèmes, les problèmes qui nous concernent réellement », a conclu Paul Kagame qui a achevé, le 16 avril, une visite d’Etat de 72 heures au Bénin.
RK/ac/APA