Les quotidiens sénégalais parvenus vendredi à APA titrent principalement sur la condamnation pour diffamation du radical opposant Ousmane Sonko par le tribunal de Dakar, qui ne lui prive pas pour le moment de son droit de se présenter à l’élection présidentielle de février 2024.
Sud Quotidien semble se féliciter du « verdict de l’apaisement » dans le procès en diffamation entre l’opposant Ousmane Sonko et le ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang. « Le dossier sur l’affaire des 29 milliards du Prodac (Programme des domaines agricoles communautaires) été vidé hier, jeudi. Un verdict qui arrange tout le monde. Ou presque. Ousmane Sonko a été reconnu coupable de diffamation, mais reste encore éligible. Blanchi, Mame Mbaye Niang sauve son honneur. Le Bâtonnier Pierre-Olivier Sur, avocat français de Mame Mbaye Niang, se dit +satisfait+, alors que Me Ousseynou Fall, avocat de la défense, suspendu par l’Ordre, parle de +simulacre de justice+ », rapporte le journal qui interroge d’autres spécialistes pour mieux comprendre cette décision du tribunal correctionnel de Dakar.
El Amath Thiam, consultant en droit, trouve notamment que « c’est une décision diplomatique » là où Mamoudou Ibra Kane, patron du groupe Emedia et leader du mouvement « Demain, c’est maintenant », y voit une « défaite des faucons du Palais » de la République. Toutefois, Birahim Seck du Forum civil, qui a produit un livre pour dénoncer la gestion des fonds du Prodac, relève que « ce dossier n’a pas encore connu son épilogue ».
C’est ainsi que Le Quotidien indique qu’Ousmane Sonko est « toujours en sursis ». « Le leader du parti Pastef garde son éligibilité » après sa condamnation à deux mois avec sursis certes. Cependant, la décision du tribunal pourrait être changée par la Cour d’appel parce que « le parquet a interjeté appel » dans l’objectif de durcir la condamnation de Sonko qui fait face à une « autre menace : l’affaire Adji Sarr ». Cette ex-masseuse du salon Sweet Beauté accuse le maire de Ziguinchor (sud) de viols et menaces de mort. Au même titre que Mame Mbaye Niang, elle réclame « un procès » contre son présumé bourreau.
Alors que le procès Mame Mbaye Niang – Ousmane Sonko a transformé « Dakar encore en ville morte » hier avec une activité économique paralysée par la crainte de manifestations violentes, Walf Quotidien lance comme par dépit : « Tout ça pour ça ».
Mais L’Observateur précise qu’Ousmane Sonko n’en a pas encore fini avec cette affaire puisque « la Cour d’appel va reprendre le procès » après avoir été « saisie » par le procureur de la République. C’est donc un « appel à risques » pour l’opposant arrivé troisième à la présidentielle de 2019 avec plus de 15% des suffrages et qui n’a pas pu bénéficier de l’assistance de son avocat français Juan Branco, refoulé la nuit de son arrivée au Sénégal, à la veille du procès de son client, précise le journal qui raconte « les péripéties du refoulement ».
Le ministre sénégalais de l’Intérieur, Antoine Félix Diome, explique dans Bés Bi que Me Branco a été expulsé parce qu’il « faisait un appel à l’insurrection », une infraction pour laquelle beaucoup de partisans d’Ousmane Sonko se retrouvent aujourd’hui en prison.
En effet, l’avocat français de 33 ans « avait publié avant son arrivée à l’Aéroport international Blaise Diagne de Dakar un post sur les réseaux sociaux (Facebook et Twitter en date du 28 mars 2023) où il traitait son Excellence Monsieur le Président de la République Macky Sall de tyran et faisait également un appel à l’insurrection dans notre pays », s’est justifié M. Diome dans un communiqué repris par Bés Bi qui remarque que « Sonko n’est pas encore tiré d’affaire » alors qu’il souhaite préserver son éligibilité pour matérialiser sa candidature à la présidentielle de 2024, prévue dans onze mois.
Le Soleil évoque un « emprunt obligataire sur le marché de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) » et indique que « le Sénégal lève plus de 201 milliards de francs CFA ». « Selon Invictus Capital & Finance, organisateur de l’émission, cette opération souligne la solidité de la signature de l’Etat du Sénégal et la consolidation du marché financier régional », note le quotidien national.
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