L’Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal (OMVS) a présenté, samedi à Dakar, sa nouvelle stratégie visant à rendre pérenne le transport fluvial sur ce cours d’eau.
Depuis sa création en 1972, la navigation a été le pilier manquant à l’Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal (OMVS). Ce projet, primordial pour l’intégration des populations du bassin, devrait cependant bientôt voir le jour.
Le Directeur Général de la Société de gestion et d’exploitation de la navigation (Sogenav), Amadou Diallo, a présenté, samedi à Dakar, à l’occasion de la célébration du 51e anniversaire de l’OMVS, la nouvelle stratégie de l’entité sous régionale qui vise à rendre pérenne le transport fluvial de Saint-Louis du Sénégal à Ambidédi, au Mali, soit une distance de 905 Km.
Par le passé, plusieurs approches avaient été élaborées pour assurer la navigabilité du fleuve en toute saison. Mais celles-ci ont toutes échoué par défaut de financement. Le nouveau plan de la Sogenav devrait donc être entièrement financé par ses pays actionnaires que sont le Mali, la Mauritanie et le Sénégal.
« Pour cette première phase, nous avons besoin de 35 milliards FCFA, soit 11 % des 311 milliards nécessaires pour réaliser le projet global. Chaque Etat devra verser 10 milliards et les 5 milliards restants doivent venir du système OMVS et notamment de la Société de gestion de l’énergie de Manantali (Sogem) », a expliqué M. Diallo, ajoutant que les pays devront verser leur quote-part cette année ou l’étaler sur deux voire trois ans.
« Notre objectif est de démarrer les travaux en septembre 2023 avec la première quote-part qui sera disponible. Si tous les financements sont disponibles, nous pouvons raccourcir le délai de construction des ouvrages et commencer la navigation vers juin 2024. Car certains ouvrages vont être construits simultanément », a indiqué le DG de la Sogenav.
Ces ressources permettront le dragage et le balisage du fleuve, l’aménagement et la réhabilitation des escales de Podor, Rosso, Richard Toll et Ambidédi, et enfin la mise en place d’une ligne de télécommunication pour faciliter les échanges entre les différents navires et assurer la sécurité des usagers.
« Le financement requis pour ces travaux reste raisonnable au regard de l’importance du projet et de ses implications futures pour le devenir de nos Etats », a souligné le Haut-Commissaire de l’OMVS, Mohamed Abdel Vetah. A en croire ce dernier, cette nouvelle stratégie a été approuvée par le dernier Conseil des ministres de l’organisation tenu du 29 au 30 décembre 2022 à Dakar.
Des enjeux socio-économiques importants
Convaincu que le décollage économique du bassin du fleuve passera par la navigabilité pérenne sur le fleuve, le nouveau Haut-Commissaire de l’OMVS l’a placé au cœur des actions prioritaires de son mandat. La restauration du trafic fluvial permettra en effet la valorisation des ressources naturelles tout en améliorant les conditions d’accès des régions enlevées du bassin aux marchés extérieurs. Elle favorisera en même temps l’intégration sous régionale des pays riverains ainsi que le développement du commerce intra-zone du bassin et celui international des États membres.
Sur le plan international, l’écotourisme et le tourisme culturel ont enregistré une croissance rapide durant la dernière décennie et comptent pour 7 % des échanges mondiaux, fournissant 195 milliards de dollars.
Pour le bassin du fleuve Sénégal, les opportunités à saisir dans le développement de ce domaine sont énormes, eu égard aux immenses potentialités écologiques et culturelles dont il regorge. Il s’agit d’abord de préserver l’immense potentiel historique, écologique, ethnique et culturel des pays de l’OMVS, ensuite de valoriser et d’exploiter judicieusement ces atouts, et de faire bénéficier aux populations locales des retombées du tourisme.
ARD/ac/APA