La zone est dans le viseur des jihadistes affiliés à Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI).
La décision a été prise, le mardi 7 février dernier, par le premier responsable administratif du cercle de Yelimané, dans la région de Kayes, située à quelques centaines de kilomètres de la frontière sénégalaise.
Dans une note rendue publique, par le préfet de Yelimané, le lieutenant-colonel Madicama Diawara, a informé l’opinion « qu’en raison du contexte sécuritaire actuel du cercle difficile et préoccupant (…) de la suspension de toutes les manifestations, de regroupements des personnes sur les lieux publics ou privés jusqu’à nouvel ordre ».
Selon lui, « la situation sécuritaire que nous connaissons actuellement nous interpelle tous et nous exige à changer de comportements et d’être vigilants pour prévenir toute éventualité d’attaque terroriste ».
L’autorité administrative invite « chacun en ce qui le concerne à l’observation scrupuleuse de cette mesure qui ne doit souffrir d’aucune négligence ». Une mesure destinée, à en croire le préfet de Yélimané, à « soutenir nos forces de défense et de sécurité dans l’accomplissement de leurs missions de sécurisation des personnes et de leurs biens ».
Cette note intervient alors que le cercle de Yelimané, au-delà même une bonne partie de la région de Kayes, située à quelques centaines de kilomètres de la frontière sénégalaise, connaît une vague d’insécurité sans précédent. De nombreuses localités dans cette zone, autrefois considérée comme un havre de paix, ont déjà été frappées par des attaques jihadistes. Le 30 novembre dernier, une attaque du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) contre le poste de douane et le camp des Forces armées maliennes a fait deux victimes dont un militaire et un civil.
Pour plusieurs observateurs, l’intrusion des jihadistes à travers une stratégie définie par Amadou Kouffa, chef de la Katiba du Macina, composante la plus dynamique du GSIM, dans cette zone était prévisible à cause des griefs d’ordre social tels que la persistance de phénomènes tels que l’esclavage par ascendance provoquant de nombreuses frustrations. A cette situation, il faut ajouter la pauvreté, le chômage, l’injustice sociale.
Pourtant, Kayes est l’une, sinon la région la plus riche du Mali avec ses nombreux gisements de minerais comme l’or, la présence de plusieurs barrages hydroélectriques installés le long du fleuve Sénégal. En plus, c’est aussi dans cette région que la douane réalise de bonnes performances chaque année en raison de la forte fréquentation du corridor Dakar-Bamako qui jusqu’à récemment représentait 80 % du commerce malien et la deuxième plus forte densité de trafic de la région.
MD/ac/APA