Plusieurs millions de personnes sont obligées de fuir leur foyer en raison du conflit dans le bassin du Lac Tchad.
À l’occasion de la troisième Conférence de la région du Lac Tchad qui se tient à Niamey les 23 et 24 janvier, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) appelle à des efforts urgents pour assurer une protection efficace des millions de civils embourbés dans la violence.
Plus de dix ans après le début de la crise, le conflit dans le bassin du lac Tchad, où se rencontrent le Nigeria, le Tchad, le Niger et le Cameroun ne montre aucun signe d’apaisement.
La violence à l’encontre de la population civile reste alarmante, laissant plus de 11 millions de personnes lutter chaque jour pour leur survie.
« Malgré les efforts déployés par les acteurs étatiques, humanitaires et du développement, la situation dans la région du lac Tchad reste désastreuse. Des millions de personnes ont été contraintes de quitter leur foyer. Des milliers de familles vivent dans des conditions extrêmement précaires, sans accès approprié à la nourriture, aux soins de santé et à l’éducation », a déclaré le vice-président du CICR, le Dr Gilles Carbonnier.
Sur les 11,3 millions de personnes qui ont besoin d’aide pour survivre dans le bassin du lac Tchad, au moins 3 millions sont des déplacés qui ont fui leur foyer en raison de la violence, selon des sources officielles. Des communautés entières vivent dans l’incertitude, sans savoir si elles pourront un jour rentrer chez elles.
« Le sort des personnes déplacées doit être reconnu comme une priorité absolue dans le bassin du lac Tchad », a plaidé Gilles Carbonnier.
Le CICR encourage les États à ratifier la Convention de Kampala et à adopter des mécanismes nationaux de mise en œuvre.
La Convention garantit une protection et un niveau de sécurité aux personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, et fournit aux gouvernements un cadre pour répondre aux crises de déplacement.
Si la majorité des États africains l’ont ratifiée, des actions sont nécessaires pour intégrer les dispositions de la Convention dans les cadres juridiques nationaux et les rendre opérationnelles.
Les États ont la responsabilité de veiller à ce que les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays soient autorisées à prendre la décision de rentrer chez elles dans des conditions sûres et dignes, a déclaré le CICR dans un communiqué. Mais, en raison de la nature prolongée du conflit, nombre d’entre elles risquent de ne pas pouvoir le faire.
Après plus d’une décennie, le conflit dans le bassin du lac Tchad se prolonge et son bilan pour les personnes prises au piège ne cesse de s’alourdir, a-t-il averti.
Le CICR a enregistré plus de 26 188 cas de disparitions dans les quatre pays du bassin du lac Tchad : Cameroun, Tchad, Niger et Nigeria. Près de 15 000 d’entre eux étaient mineurs au moment de leur disparition. Les enfants sont particulièrement concernés.
La nature prolongée du conflit affecte les mineurs de manière disproportionnée, notamment ceux qui sont confrontés à des déplacements multiples.
Le fait d’être contraint de fuir son domicile met à mal l’environnement protégé que la famille et la communauté offrent aux enfants.
En conséquence, ils sont davantage exposés aux abus sexuels, à l’association avec des porteurs d’armes, à la séparation familiale et à la disparition.
Pour répondre efficacement à la nature prolongée et dynamique du conflit, il est nécessaire que les acteurs travaillent ensemble dans le cadre d’une approche plus synergique.
Une approche qui rassemble le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ainsi que les partenaires gouvernementaux, de paix, de développement et autres partenaires humanitaires pour trouver des solutions à long terme à la crise.
« Nous donnons la priorité au respect du droit international humanitaire ainsi qu’à une action humanitaire neutre, impartiale et indépendante pour protéger et aider les personnes dans le besoin dans le bassin du lac Tchad. Si nous voulons répondre aux besoins humanitaires croissants et obtenir de meilleurs résultats avec et pour les populations touchées par un conflit prolongé, des partenariats innovants font également partie de la solution », a déclaré M. Carbonnier.
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